Chronique «Ecritures»

Le 17 octobre, on apprenait la mort de Simon Fieschi, le webmaster de «Charlie Hebdo», grièvement blessé lors de l’attentat de janvier 2015. Mais Simon ne doit pas mourir, parce qu’il est l’incarnation exacte du principe de résistance.

Face aux crimes de guerre ne pas s’opposer serait une vraie défaite. Notre humanité se cultive par tous les temps : il faut dire «non» pour que l’insensibilisation ne nous gagne pas.

Nous ne sommes ni diplomates, ni chefs d’Etat, pourtant, notre tâche est immense : celle de continuer à imaginer ce qui semble inimaginable, qu’on appelle ça la paix, la vie ou l’histoire.

Chacun vise le trône pour présider tout seul, mais certainement pas gouverner. Comme si le réel ne devait pas faire obstacle à l’image de surpuissance que chacun veut se donner.

A la suite des élections législatives, ce qui a perdu, c’est cette assurance avec laquelle on affirme que la fin de l’histoire est déjà écrite. Ce qui a gagné, c’est de continuer à chercher un nouveau départ.

Le mot «radical» a perdu son sel et son sens premier. Utilisé à toutes les sauces, il est devenu un moyen de faire passer un délit pour une opinion.

Si l’espoir, c’est penser que de meilleures choses adviendront, peut-être faut-il aussi réfléchir à ce qu’il nous faut faire pour qu’elles adviennent vraiment.

Loin d’un monde régi par des algorithmes, de l’illusion d’une «meilleure version de soi» et d’une «meilleure version de la France», nous sommes une addition de gracieuses incohérences, de penchants illogiques. De perpétuelles ébauches.

Dans ce monde de bruit et de fureur, le silence est le luxe de demain et les marchands de bien-être l’ont déjà compris. Alors, que faire de cette petite voix en nous qui refuse de se taire ?

Quarante après la sortie du film nous tenons le rôle de la peluche devenue monstre. Et nous sommes seuls responsables de notre métamorphose, une débâcle de l’âme.

Partout en France chaque municipalité dégaine son atelier fitness ou son cours d’autodéfense féminine pour célébrer le 8 mars, oubliant qu’il s’agit avant tout de parler des droits des femmes.

Pour la première fois, les témoignages d’enfants victimes saturent les ondes en direct. Une enfance vécue en temps de guerre est, à l’endroit de la blessure, une enfance éternelle. Et donc une guerre éternelle, à jamais présente en soi.

A quelques jours de la cérémonie, pourquoi ne pas offrir un césar d’honneur à toutes les actrices qui nous offrent la promesse d’un nouveau récit.

Pour l’anthropologue américaine Margaret Mead, la civilisation commence par la guérison du premier fémur cassé. Une information discutable. Mais qu’importe, l’époque a soif de réparation, qu’il s’agisse de l’os le plus long du corps ou pas.

Chaque jour, nombre de politiques, animateurs et journalistes de CNews ou BFM se répandent en déclarations d’amour aux travailleurs de la terre. Ont-ils tous lu le «Kit pédagogique pour les séances d’empathie à l’école» signé Attal ?

Si l’infertilité est une pathologie, n’en déplaise au Président, le non-désir d’enfant n’est pas une maladie. La liberté de choisir ce qu’on fait de son corps n’est pas un cadeau offert par l’Etat, mais un droit.

De tous les types d’isolement qui se déploient au sein d’un monde ultraconnecté, la solitude publique de celles et ceux qui dénoncent la violence de l’ordre établi est cruelle et multiple.

Face aux commentaires racistes après la une du magazine «le Peuple breton», où apparaît un petit garçon à la peau trop foncée pour l’extrême droite, que faut-il se souhaiter pour 2024 ?

N’attendez pas des femmes qu’elles changent seules les règles d’un système dont elles sont victimes, d’un ordre du monde qu’elles n’ont pas contribué à créer.

Ce chaos auquel nous participons ressemble à la course d’un animal terrorisé, désorienté. Un être qui pressent qu’il est en train de perdre ce qui le constitue.

Exclue de l’agence d’artistes UTA après avoir tenu des propos controversés lors d’un récent rassemblement pro-palestinien à New York, l’actrice américaine s’excuse. Mais de quoi ?

«Consoler» est bien plus qu’un savoir-faire ou qu’un savoir-vivre. C’est ce qui permet, en plein chaos, la possibilité de l’après, de lisser un peu l’horizon interne, froissé, malmené.

C’était le 4 octobre 2023, des femmes israéliennes et palestiniennes marchaient ensemble pour la paix à Jérusalem. Depuis le 7 octobre, on assiste à des tergiversations nauséabondes qui ne cessent de renvoyer dos à dos des cadavres.

Un modeste petit rhume ? Pourtant, il est partout. Et seule une partie d’entre nous peut se permettre de lever le pied en cas d’infection. Une ligne de fracture invisible entre ceux qui peuvent s’accorder cette douceur et les autres.

Les attentes de Mahsa Amini sont également celles de milliers d’Iraniennes et de tout un peuple. Elles déferlent à la façon d’un élan dont on aimerait croire qu’il ne sera pas brisé.

Incendies, tremblements de terre, tsunamis, typhons et tempêtes cernent le monde. Des enfants, des femmes, des hommes, meurent ou sont condamnés à l’exode. Pendant ce temps, le personnel politique pense à tout autre chose.

Au XIXe siècle, le moment de la rentrée se décidait en fonction des impératifs agricoles, aujourd’hui, c’est avec le secteur touristique que l’on arrête les dates. Mais demain, ira-t-on en cours après avoir récolté la pluie ?

Ici, depuis toujours, un jeune est d’abord «de banlieue». Jeunedebanlieue en un seul souffle, comme une camisole de pierre. Le béton colle à la peau. Ici, dans ce chaudron qui cuit à feu doux, nous finirons par être à point.

Nahel s’est pris la mort en plein cœur, une mort statistique, politique. Serons-nous capables de ne pas laisser ce prénom vaciller dans l’oubli, serons-nous capables de ne pas passer à autre chose ?

Exposée au Palais de Tokyo, l’œuvre de l’artiste Miriam Cahn «Fuck abstraction !» raconte ce qu’est la guerre en Ukraine. Mais l’extrême droite s’est plue à rendre le tableau toxique : il a fini par être vandalisé, aspergé de peinture.

L’Etat voit du sens partout : n’importe quel objet, même le plus banal, est chargé d’une intention, mauvaise, toujours mauvaise. Demain, une montre au poignet pourrait bien être la preuve qu’on trouve le quinquennat un peu long.

Qu’arrive-t-il aux livres lus dans l’enfance et jamais rouverts ? Comment sont-ils assimilés dans l’organisme ? Pourquoi «Des fleurs pour Algernon» est devenu inoubliable

Il y a là un havre de paix, un cimetière où de jeunes botanistes s’activent pour réaliser des herbiers. La militante d’extrême gauche Rosa Luxemburg a conçu le sien en prison. Il y a là quelque chose qui parle de liberté.

En couverture de «Vogue», le compagnon de la chanteuse, A$AP Rocky, tient dans ses bras leur enfant. Elle devant, lui derrière… L’image fait controverse. Décryptage.

Chaque jour, nous évaluons ceux et celles qui sollicitent notre aide. Nous sommes devenus des spécialistes de rien qui estimons tout, et vous aussi, madame, aux cheveux peroxydés, assise au pied d’un distributeur de banque.

Depuis son lit d’hôpital à Rome, l’écrivain britannique se retrouve paralysé et dicte à son fils les sensations de son nouvel état, sans tabous.

Vivre dans la pauvreté est un sacerdoce. C’est l’histoire d’une assignation, de la naissance jusqu’à la retraite, qui veut que l’on n’attende rien de vous. A part de la discrétion et de la soumission.

En ces temps de guerre, pourquoi et comment se souhaiter quoi que ce soit ? C’est parce que rien, en ce début d’année, ne semble possible, qu’il faut persévérer et prendre à bras-le-corps les mots fatigués : les vœux.

Pour ne pas offenser le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin en visite à Nice, les forces de l’ordre ont recouvert d’un tissu noir les slogans féministes collés sur la vitrine d’une librairie.

Arrêtons de congratuler des entreprises qui recrutent des noirs, embauchent des handicapés ou payent leurs employées féminines au même niveau que leurs collègues masculins.