
Reportage
«90 % de nos ventes se font désormais en Europe» : à Herstal, l’armurier belge FN Browning se prépare au grand réarmement européen
Passé la grille ornée des deux grandes lettres dorées «FN», et après avoir montré patte blanche au poste de garde, l’impression d’entrer dans une grande caserne, avec sa place d’armes pavée, est vite dissipée par l’allure assez majestueuse des grands bâtiments en brique surmontés de frontons néoclassiques : bienvenue à la Fabrique nationale Herstal, à 20 kilomètres au nord-est de Liège, cent trente-cinq ans d’histoire industrielle vous contemplent. Sur 13 hectares, des ateliers aux toits en dents de scie où s’affairent un millier de salariés. La «FN», comme on l’appelle ici, est une fierté belge au même titre que la bière, les frites ou les gaufres liégeoises. Mais la spécialité d’Herstal, ce serait plutôt les flingues et munitions de tout calibre, à usage militaire intensif : du pistolet d’ordonnance à la mitrailleuse lourde en passant par toute une gamme de fusils d’assaut ou de précision très prisés par les forces armées de nombreuses nations, y compris l’armée française. Sur la route menant à Herstal, le chauffeur de taxi nous avait fait la retape, pince-sans-rire : «Petit pays, beaux fusils.»
L’histoire remonte à loin. Réputée depuis le XVIIe siècle pour ses artisans armuriers, la «Cité ardente» a donné naissance à la FN Herstal en 1889 pour fournir à l’armée belge des fusils allemands Mauser produits sous licence. La qualité de fabrication dépassant la «Deutsche Qualität», John Browning, dont les carabines faisaient fureur dans le Far West, proposa alors ses serv