Ne lui dites pas qu’il dirige une usine. Ici c’est «un atelier qui a une âme». Le discours facile, Julien Tuffery, la quarantaine, est de ces entrepreneurs presque trop passionné : «On fait un brief avec toute l’équipe le matin, après une séance de yoga pour s’échauffer.» Loin d’être la dernière start-up technolâtre, l’Atelier Tuffery est une des plus anciennes fabriques de jeans du pays, qui reprend des couleurs grâce à l’engouement autour du «made in France».
Vieille histoire que celle de Tuffery, une famille bien connue à Florac (Lozère), 2 000 habitants, qui confectionne depuis 1892 des pantalons. Au départ, pour habiller les constructeurs des voies ferrées naissantes dans le sud du Massif central. Puis les artisans, les agriculteurs : tout le monde avait son «Tuff», pantalon en toile de Nîmes, avec une double poche arrière. L’écroulement de la filière textile dans les années 80 n’a pas eu raison de Jean-Jacques, le père de Julien, et de ses deux oncles. Opiniâtres, les trois maîtres tailleurs n’ont pas délocalisé. «Il fallait être un peu cévenol pour résister», convient Jean-Jacques Tuffery, 73 ans, loin d’imaginer alors que son fils reprenne l’affaire : «Je ne voulais pas le mettre en galère.»
Pourtant, en 2016, alors que tout allait s’arrêter, «le Julien» et sa femme, Myriam, tous deux ingénieurs, ont repris le flambeau. Pour «marier ce métier ancestral avec les moyens modernes», ils investissent 200 000 euros, dont 40 00