Il fut un temps, après le joli mois de mai, où l’étudiant, l’intellectuel allait «s’établir» en usine. Autant pour prêcher la bonne parole révolutionnaire auprès des ouvriers que pour se purifier de ses origines bourgeoises, apprendre le vrai sens de la lutte des classes au contact vertueux de l’OS en bleu. Un exercice expiatoire alors très prisé chez les «maos». Robert Linhart, fils d’un simple comptable du Sentier, mais brillant lycéen à Louis-le-Grand devenu disciple d’Althusser à Normale sup, se fit donc embaucher en septembre 1968 sur la chaîne de 2CV de Citroën, porte de Choisy. Il raconta son expérience de quelques mois dans un livre lumineux, l’Etabli (éditions de Minuit), précieux précis de sociologie ouvrière et de désillusion politique : «Le premier jour d’usine est terrifiant pour tout le monde, beaucoup m’en parleront ensuite, souvent avec angoisse. Quel esprit, quel corps peut accepter sans un mouvement de révolte de s’asservir à ce rythme anéantissant, contre nature, de la chaîne ?» écrit Linhart pour traduire le choc, le bruit et la fureur ressentis en poussant pour la première fois la porte de l’usine.
Cinquante ans ont passé, il paraît qu’il n’y a plus de classe ouvrière vu qu’il n’y a presque plus d’usines. Et une autre brillante élève passée par HEC, Sciences Po et l’ENA, devenue, elle, ministre macroniste à l’Industrie, découvre à son tour les «Temps m