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Airbus en forme en 2023 mais privé d’un nouveau bénéfice record par le spatial

Les retards et surcoûts de programmes de satellites de l’avionneur européen ont privé d’un nouveau bénéfice record en 2023 le géant européen, qui affiche néanmoins de bons résultats.
(/Sarah Meyssonnier/Reuters)
publié le 15 février 2024 à 9h03

La course à l’espace coûte cher. Les retards et surcoûts de programmes de satellites de l’avionneur européen ont privé Airbus d’un nouveau bénéfice record en 2023 le géant européen, qui s’affiche néanmoins en forme. Airbus a publié ce jeudi 15 février un bénéfice net de 3,8 milliards d’euros, en baisse de 11 % par rapport au record de 2022 où l’entreprise avait dégagé 4,2 milliards d’euros de bénéfice net.

Sa situation contraste avec celle de son concurrent américain Boeing, empêtré dans des problèmes de production et contrôle qualité, qui a essuyé une perte de 2,2 milliards de dollars l’an passé, dans le rouge pour la cinquième consécutive.

«En 2023, toutes nos activités ont enregistré d’importantes prises de commandes et nous avons tenu nos engagements. Il s’agit d’un résultat remarquable compte tenu de la complexité du contexte opérationnel», a salué le président exécutif d’Airbus, Guillaume Faury.

Après avoir raté sa cible de livraisons d’avions en 2022, l’avionneur est parvenu à remettre 735 avions à ses clients en 2023 en dépit de difficultés persistantes de sa chaîne de 18 000 fournisseurs qui peinent à repartir après le coup d’arrêt brutal lié à la pandémie. Et l’entreprise entend bien continuer à remonter en puissance et prévoit d’en livrer «environ 800» en 2024, soit le nombre d’avions livrés en 2018, avant que la crise sanitaire ne torpille le secteur aéronautique.

L’avionneur a par ailleurs engrangé 2 094 commandes nettes l’an passé, pulvérisant son précédent record datant de 2013. Airbus a justement surfé sur les succès de ses monocouloirs de la famille A320 et ses long-courriers A350. Son chiffre d’affaires a progressé de 11 %, à 65,4 milliards d’euros. La division Avions commerciaux, en hausse de 15 %, a représenté près des trois quarts des revenus et 78 % du bénéfice opérationnel. Malgré les difficultés de ses fournisseurs, Airbus estime être «en bonne voie» pour réussir la montée en cadence de son avion vedette, l’A320 et sa déclinaison l’A321. Il en a livré 48 par mois en moyenne l’an passé et compte en sortir 75 par mois en 2026.

8 600 avions à produire

A cet horizon, l’avionneur compte également passer sa production du petit monocouloir A220 de 6 à 14 par mois, et celle de ses gros-porteurs A350 de 5 à 10 par mois. Ces nouveaux avions doivent permettre aux compagnies de faire face à la hausse du trafic aérien et de renouveler leurs flottes, avec des modèles consommant moins de carburant et donc émettant moins de CO2.

Avec près de 8 600 avions en commandes, les créneaux de livraison disponibles se tarissent. Les clients d’Airbus doivent s’armer de patience et attendre la fin de la décennie pour les avions monocouloirs, 2028 pour les long-courriers, selon Christian Scherer, patron d’Airbus Avions commerciaux.

Quant aux revenus de la division Airbus Helicopters, ils ont, eux, augmenté de 4 % et ceux d’Airbus Defense and Space de 2 %. Le bénéfice opérationnel d’Airbus DS a cependant fondu de 40 %, à 229 millions d’euros, amputé par une charge de 600 millions d’euros dans l’activité spatiale, qui représente environ 2 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Soumise à la très forte concurrence imposée par SpaceX et de nouveaux opérateurs de constellations, elle a été touchée par des retards de développement et surcoûts de certains programmes, concernant notamment les nouveaux satellites géostationnaires de télécommunications Onesat, selon une source proche du dossier. Guillaume Faury a laissé les rênes de la division Avions commerciaux à Christian Scherer pour pouvoir davantage se consacrer à la stratégie globale d’Airbus et notamment les activités spatiales et de défense en pleine réorganisation afin de viser une «exécution rigoureuse des programmes», selon lui. Le patron des activités spatiales Jean-Marc Nasr doit également laisser sa place le 1er mars à Alain Faure, venu d’Airbus Operations.