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Libération
Dégringolade

Ancienne «licorne» des bureaux partagés, WeWork dépose le bilan aux Etats-Unis et au Canada

L’entreprise, fondée en 2010 et qui n’a jamais su viabiliser son modèle économique, a officiellement déposé le bilan en Amérique du Nord, lundi soir.
Un bureau WeWork à San Mateo, en Californie. (Justin Sullivan/Getty Images.AFP)
publié le 7 novembre 2023 à 13h30

Elle a été un temps valorisée à 47 milliards de dollars (44 milliards d’euros) et devait être la valeur star d’un nouveau modèle de bureaux, flexibles et partagés. Mais la gestion hasardeuse de son fondateur, Adam Neumann, et la pandémie auront eu raison d’elle. WeWork, entreprise de «coworking» tombée en disgrâce depuis plusieurs années, a déposé le bilan lundi aux Etats-Unis.

«WeWork et certaines de ses filiales ont entamé une procédure de mise sous protection du chapitre 11 [la loi sur les faillites, ndlr] et ont l’intention de déposer une procédure de reconnaissance au Canada dans le cadre de la loi sur les accords entre entreprises et créanciers», a annoncé le groupe fondé en 2010 dans un communiqué. Une procédure qui ne concerne pas ses filiales hors des Etats-Unis et du Canada, a ajouté l’entreprise, qui estime que ses «opérations mondiales vont se poursuivre, comme d’habitude».

Concrètement, cette procédure permet à une entreprise de renégocier sa dette avec ses créanciers ainsi que de présenter un plan de réorganisation de son activité tout en restant sous la protection de la loi, pour une période qui peut s’étendre sur plusieurs années. WeWork espère ainsi réussir à négocier une réduction «significative» de sa dette. Le groupe espère notamment, grâce à cette procédure, «mettre fin aux baux d’un certain nombre d’emplacements» qui ne lui rapportent pas suffisamment d’argent, précisant que les entreprises propriétaires «ont déjà reçu un préavis».

«Il est temps pour nous de nous tourner vers l’avenir en nous attaquant énergiquement à nos anciens baux et en améliorant considérablement notre bilan», a affirmé le directeur général du groupe, David Tolley, cité dans le communiqué, pour qui «ces mesures nous permettront de rester le leader mondial d’espaces de travail flexible».

Selon l’entreprise, plusieurs facteurs sont en cause dans cette faillite : les pertes financières, les besoins en liquidités et la baisse du nombre de locataires. Elle avait expliqué avoir perdu des milliards de dollars au cours des six premiers mois de 2023, à cause de la baisse de la demande liée aux mauvaises conditions économiques.

Fondateur controversé

Autrefois star des start-ups, WeWork avait levé des milliards de dollars auprès du japonais SoftBank Group. Mais la gestion controversée de son fondateur, Adam Neumann, a inquiété les investisseurs, qui ont fini par l’évincer en 2019. Puis la pandémie a vidé les bureaux et l’entreprise n’est pas parvenue à se redresser alors que la demande pour des locaux professionnels a chuté avec l’essor du télétravail.

La chute de WeWork a également fortement déstabilisé le groupe japonais SoftBank et son fonds Vision Fund, qui y avaient fortement investi, obligeant même le groupe japonais à le sauver une première fois à grand frais, venant au passage écorner l’image de visionnaire de son patron, Masayoshi Son.

WeWork autrefois valorisé jusqu’à 47 milliards de dollars n’en valait plus, lundi soir, que 44,49 millions à la clôture plus de la bourse de New York. Une action du groupe s’échange aujourd’hui contre environ 80 centimes. A son plus haut, en octobre 2021, c’était 520 dollars.