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Emploi

Ces milliards pour l’apprentissage dans le supérieur : un effet «limité» sur l’insertion professionnelle

Les dérives de l'enseignement supérieur privédossier
Si l’apprentissage du CAP au BTS favorise davantage l’insertion professionnelle, cela est plus limité dans le supérieur. Mais les apprentis obtiennent en général plus vite un CDI et un meilleur salaire.
Dans l’enseignement supérieur, dont viennent 60 % des apprentis, l’efficacité de l’alternance est moins nette que pour les diplômes avant le bac. (Marta Nascimento/REA)
publié le 23 novembre 2022 à 20h36

C’est l’une des politiques chouchoutes d’Emmanuel Macron depuis 2017 : soutenir à fond l’apprentissage pour aider les jeunes à s’insérer sur le marché de l’emploi. Suivre sa formation, un pied à l’école, un pied sur le terrain en entreprise, est-ce la clé pour lutter contre le chômage des jeunes ? Que disent les statistiques de l’emploi ? «L’effet sur l’insertion est très marqué du CAP au BTS», mais «plus limité» pour les diplômes du supérieur (les bac + 3 et bac + 5), synthétise la Cour des comptes dans son rapport de juin.

«Les apprentis titulaires d’un CAP ou d’un BEP ont mis en moyenne 7,6 mois à obtenir ce premier emploi contre 11 mois pour les élèves sous statut scolaire.» Plus le niveau de qualification visé est bas, plus l’apprentissage est efficace pour trouver du travail. Cette «plus-value se maintient dans le temps. Pour les titulaires d’un CAP ou d’un BEP, trois ans après l’obtention du diplôme, les anciens apprentis ont travaillé en moyenne 2,16 mois de plus que les anciens lycéens». Autre donnée intéressante : 43 % des jeunes en emploi sept mois après leur sortie de formation travaillent dans l’entreprise où ils ont été apprentis, contre seulement 20 % pour les lycéens ayant effectué des stages. Des résultats qui s’expliquent aussi – en partie – par les caractéristiques des apprentis eux-mêmes, souvent plus âgés que ceux en cursus classique et plus souvent titulaires du permis de conduire, graal pour l’accès à l’emploi.

Efficacité moins nette dans l’enseignement supérieur

Dans l’enseignement supérieur, dont viennent 60 % des apprentis, l’efficacité de l’alternance est moins nette. Sur la rapidité d’accès au premier emploi, «l’effet est faible, voire nul», «les apprentis sortant de licence professionnelle n’ont qu’un mois d’avance sur les étudiants.» A moyen terme, l’effet est «limité», dit la Cour. «Les diplômés de licence professionnelle et de master (hors master enseignement) qui ont obtenu leur diplôme par la voie de l’alternance en 2017 bénéficient de taux d’insertion à trente mois, supérieurs de 4 à 5 points à ceux des diplômés sous statut d’étudiant.» Soit 96 % contre 91 % pour les diplômés de master. L’apprentissage a en revanche des effets «significatifs», à plus long terme, sur la qualité de l’emploi. L’accès au CDI dès le premier emploi est plus important. Et les alternants ont, après 30 mois, un niveau de rémunération supérieur de 200 euros à 300 euros aux anciens étudiants.