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Urgence

Après de lourdes pertes, Atos au pied du mur

Le groupe informatique a annoncé une perte de plus de 3 milliards d’euros en 2023, ce qui rend d’autant plus nécessaire la recherche rapide d’une solution, rachat ou intervention de l’Etat.
Des salariés du groupe Atos lors d'une manifestation à Paris en octobre 2021. (Denis Allard/Libération)
publié le 26 mars 2024 à 10h34

La situation s’aggrave pour le groupe Atos, qui a publié ce mardi 26 mars son résultat 2023 : 3,4 milliards d’euros de perte nette, en raison d’une révision à la baisse de la valeur de ses actifs. Toujours sans repreneur depuis qu’Airbus, son unique repreneur potentiel, a jeté l’éponge, le groupe doit trouver d’urgence une bouée de sauvetage. Pour l’instant, l’urgence est au paiement de la dette : Atos a annoncé qu’il cherchait «un accord global» d’ici juillet avec ses banques créancières pour restructurer son endettement de 3,65 milliards d’euros, à rembourser ou refinancer d’ici fin 2025. Seule bonne nouvelle : sa trésorerie de 2,4 milliards d’euros qui lui permettra de rester à flot en attendant.

Le problème du sauvetage de cet ancien fleuron français de la tech, héritier de Bull et qui opère notamment pour la dissuasion nucléaire française, fort de 110 000 salariés dont 15 000 environ en France, est désormais celui du gouvernement. Le ministère français de l’Economie s’est engagé mardi 19 mars «à construire dans les prochaines semaines une solution nationale de protection des activités stratégiques» du groupe, dont l’action a chuté sous les deux euros, alors qu’elle en valait 80 en 2020. L’homme d’affaires David Layani, patron du cabinet Onepoint, qui est devenu le premier actionnaire d’Atos, s’est présenté dans un entretien au Figaro dimanche 24 mars comme un chevalier blanc, capable de «faire d’Atos l’Airbus du cyber et du digital» en participant «à une solution de recapitalisation». Mais le patron de Onepoint a beau avoir ses entrées en macronie, après avoir été proche de Nicolas Sarkozy, pas sûr que son plan de reprise d’Atos convainque le ministre de l’Economie. L’Etat lui veut surtout trouver un acheteur national pour la branche «big data et sécurité» (BDS) qui fournit supercalculateurs et services de cybersécurité à la défense nationale.

Le géant franco-allemand Airbus, à qui le gouvernement tordait le bras pour y aller, a préféré jeter l’éponge la semaine dernière devant le prix demandé pour BDS, entre 1,5 et 1,8 milliard d’euros. Descendu aux enfers de la Bourse, Atos ne vaut plus que 200 millions d’euros sur le papier pour plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires.

Inquiétude supplémentaire, Atos est le partenaire principal pour la cybersécurité des Jeux olympiques… Malgré les difficultés financières, il n’y aura «aucun souci sur les Jeux olympiques», a assuré ce mardi le directeur général, Paul Saleh.