Le vignoble de Marie Béarnais, dans l’Entre-deux-Mers en Gironde, est resté dans sa famille pendant cent-cinquante ans, transmis de génération en génération. «Une fierté. On a travaillé une vie entière pour suivre le cahier des charges et transmettre notre passion», résume, amère, la viticultrice de 59 ans, trente années après avoir repris l’exploitation. Acculée financièrement, elle doit aujourd’hui se résoudre à faire arracher la totalité de ses 25 hectares de vignes. «Au bout du compte, on a l’impression d’avoir fait tout ça pour pas grand-chose. C’est un constat d’échec. La décision a été très difficile à prendre, mais avec mon mari, on n’y arrive plus, on est fatigués. Les dernières réserves des années fastes ont été épuisées. Et trouver un repreneur est presque devenu impossible maintenant que la vente des vins est en chute libre.»
Depuis l’automne 2023, près de 1 000 dossiers de demande d’arrachage, pour 5 000 exploitations, ont été déposés à la préfecture de la Gironde. L’abandon des pieds de vignes étant proscrit, à cause des risques sanitaires, la dédensification du vignoble reste bien souvent la seule option pour les viticulteurs au pied du mur. Après des mois de retard, à cause d’une météo particulièrement pluvieuse, la première campagne s’est finalement clôturée ce lundi 7 octobre. Environ 4 000 hectares de vignes ont été retirés avec aides – un plan sanitaire proposé conjointement par l’Etat et le Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB