L’Etat souhaite reprendre la main. Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a annoncé ce mardi 28 mai sa volonté de placer sous le contrôle public les activités de contrôle et de commande des centrales nucléaires françaises. Elles sont actuellement détenues par le géant informatique français Atos, ex-fleuron de la French tech spécialisé dans le pilotage des centrales nucléaires, et en difficulté financière. «Je vous confirme que toutes les activités stratégiques resteront sous le contrôle de la puissance publique, y compris les commandes de contrôle de nos centrales nucléaires», a affirmé Bruno Le Maire sur CNews-Europe 1, évoquant une éventuelle reprise par «EDF, ou une entreprise proche d’EDF».
Bercy, qui avait déjà exprimé son intérêt pour les activités souveraines du groupe – supercalculateurs utilisés pour la dissuasion nucléaire, contrats avec l’armée française et produits de cybersécurité –, s’était déjà engagé fin avril à prêter 50 millions d’euros à l’entreprise pour l’aider à stabiliser sa situation financière. De nombreux responsables politiques, à droite notamment, réclamaient en effet de longue date une intervention de l’Etat pour protéger les activités de la firme dirigée un temps par Thierry Breton, aujourd’hui commissaire européen.
Géant de l’informatique Atos : « Je vous confirme que toutes les activités stratégiques resteront sous le contrôle de la puissance publique, y compris les commandes de contrôles de nos centrales nucléaires », déclare @BrunoLeMaire #LaGrandeITW #Europe1 pic.twitter.com/g4olVCJ8f2
— Europe 1 (@Europe1) May 28, 2024
Néanmoins, Worldgrid, la filiale hautement critique d’Atos qui conçoit les systèmes de pilotage des centrales nucléaires notamment pour EDF, ne faisait partie du périmètre «sécurisé» par l’Etat, alors qu’elle pourrait être cédée. «Je ferai en sorte que le contrôle commande des centrales nucléaires, qui aujourd’hui est dans Atos et pas encore dans le périmètre que nous avons sécurisé, soit dans le périmètre […] qui restera sous le contrôle la puissance publique», a martelé Bruno Le Maire. «Il n’est pas question que ce contrôle de commandes des centrales nucléaires puisse désormais partir je ne sais trop où, elle doit rester sous le contrôle de la puissance publique», a-t-il répété.
«Atos doit rester française, entière, indépendante»
Lourdement endetté, Atos, qui doit aussi être l’un des piliers technologiques des Jeux de Paris cet été, a annoncé début mai étudier trois des quatre propositions de restructuration financière reçues en vue de son sauvetage et vouloir trouver avec ses créanciers une solution «acceptable pour eux» d’ici au 31 mai. L’entreprise dit avoir besoin de 1,1 milliard d’euros de liquidités pour son activité en 2024-2025 et vouloir réduire de 3,2 milliards d’euros sa dette brute, qui avoisine les 5 milliards, pour sauvegarder son activité.
Dans une tribune transpartisane publiée ce dimanche, des parlementaires avaient appelé «tous les acteurs publics et économiques à maintenir Atos sous pavillon français pour protéger notre autonomie stratégique». «Atos doit rester française, entière, indépendante», avaient insisté notamment les présidents des groupes LR à l’Assemblée nationale et au Sénat Olivier Marleix et Bruno Retailleau, leurs homologues socialistes Boris Vallaud et Patrick Kanner ainsi que Fabien Roussel, secrétaire national du PCF.