Est-ce le signe d’un début d’effets des droits de douane de Donald Trump sur l’automobile ? Le constructeur japonais Honda a annoncé ce mercredi 16 avril relocaliser du Japon aux Etats-Unis la production de sa Civic à motorisation hybride, dont l’exportation depuis l’archipel est désormais soumise à des surtaxes douanières américaines de 25 %. Cette annonce intervient alors que le ministre japonais de la Revitalisation économique, Ryosei Akazawa, entame ce mercredi à Washington les négociations pour tenter de trouver un compromis sur les surtaxes imposées par les Etats-Unis.

«Nous allons relocaliser la production [de ce modèle] aux Etats-Unis» dans l’usine de Honda dans l’Indiana, et «la production cessera [dans l’usine de Saitama au Japon] aux environs de juin ou juillet», a indiqué un porte-parole du groupe à l’AFP. Cette décision n’est pas «motivée par une raison unique, elle s’appuie sur la politique de l’entreprise depuis sa création, qui consiste à produire des voitures là où la demande est forte», a insisté le porte-parole, refusant d’imputer ce changement à l’offensive douanière.

Au total, Honda a produit l’an dernier un peu plus d’un million de voitures dans ses douze usines aux Etats-Unis. Mais il a exporté 5 379 véhicules depuis le Japon, dont la Civic hybride. Pour autant, Honda est exposé aux surtaxes douanières qui frappent depuis quelques semaines les importations américaines de voitures et de pièces détachées automobiles. «La force de Honda est sa solide présence et sa production locale aux Etats-Unis. Son point faible est que son modèle phare, le SUV CR-V, est fabriqué au Canada», et donc taxé, a indiqué Christopher Richter, analyste du cabinet CLSA, lors d’une présentation mardi, tablant sur un recul de 20 % du bénéfice d’exploitation du constructeur sur l’exercice.

Jusqu’à présent, le Japon, allié historique des Etats-Unis, n’a pas réussi à obtenir d’exemptions aux surtaxes américaines automobiles, ni à celles sur l’acier et l’aluminium. La surtaxe «réciproque» de 24% imposée par Donald Trump aux produits japonais est certes suspendue pour quatre-vingt-dix jours, mais le droit plancher de 10% s’applique.

En déplacement à Washington, Ryosei Akazawa devait rencontrer le secrétaire américain au Trésor, Scott Bessent, et le représentant au Commerce, Jamieson Greer. «Je suis convaincu que nous parviendrons à établir une relation de confiance et à mener de bonnes négociations qui mèneront à une relation gagnant-gagnant», a-t-il déclaré mercredi à la presse. Tokyo pourrait mettre dans la balance des achats accrus de gaz naturel venant d’Alaska et de matériel américain de Défense, selon des analystes.

Ces discussions avec le Japon, première source d’investissements étrangers aux Etats-Unis, «apparaissent comme le premier véritable test de cette diplomatie de la carotte et du bâton», observe Stephen Innes, du cabinet SPI Asset Management. «Si le Japon parvient à un accord, même à moitié conclu, des perspectives s’esquissent [pour les autres pays]. S’il repart les mains vides, d’autres nations commenceront à privilégier la confrontation», avertit-il.