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Libération
Désindustrialisation

Automobile : le sous-traitant de Stellantis MA France en liquidation judiciaire, 280 salariés en sursis

Dix ans après la fermeture de PSA Aulnay, un équipementier automobile de la même ville de Seine-Saint-Denis va fermer. Les salariés dénoncent une délocalisation de la production en Turquie par l’entreprise de Carlos Tavares.
Dans la manif du 1er-Mai à Paris, le 1er mai 2024. (Claire Serie/Hans Lucas.AFP)
publié le 13 mai 2024 à 16h33

Alors qu’Emmanuel Macron fête les milliards d’euros d’investissements qui pleuvent au sommet Choose France à Versailles, c’est un jour sombre pour le monde des sous-traitants de l’automobile de l’autre côté de la région parisienne. Ce lundi 13 mai, le tribunal de commerce de Bobigny a placé en liquidation judiciaire l’équipementier MA France, laissant 280 personnes sur le carreau à Aulnay-sous-Bois. Une annonce qui intervient une semaine après la signature d’un nouveau «contrat stratégique» à Bercy entre le secteur automobile et le gouvernement. «A la brutalité doit succéder la solidarité de filière», exigeait alors Bruno Le Maire. Trop tard pour le sous-traitant de Stellantis.

L’entreprise emboutit des pièces essentielles de carrosserie pour les petits utilitaires Peugeot ou Citroën et aussi pour Renault, mais plus de 80 % des pièces qui sortent de chez cet équipementier sont destinées au groupe automobile franco-italo-américain. En raison d’une grève chez MA France depuis le 17 avril, trois usines de Stellantis ont d’ailleurs été mises à l’arrêt pendant plusieurs semaines.

Plus d’une centaine d’employés de MA France ont convergé ce lundi après-midi devant le tribunal de commerce de Bobigny pour demander au procureur de faire appel de la décision de la cessation d’activité. Mais la juridiction n’a pas maintenu les activités de l’entreprise, en attendant sa liquidation par des mandataires. Lors de la signature du contrat de filière, le ministre français de l’Industrie, Roland Lescure, a simplement demandé à Stellantis et Renault d’accompagner les salariés de MA France, propriété du groupe italien CLN (7 000 salariés et un milliard d’euros de chiffre d’affaires).

Production délocalisée en Turquie

Selon Stellantis, MA France «rencontre des difficultés structurelles de compétitivité qui le handicapent dans l’acquisition de nouveaux marchés. Le contexte inflationniste (matière, main-d’œuvre, énergie) impacte d’autre part sa rentabilité». Les syndicats ont critiqué de leur côté le choix du géant de l’automobile de délocaliser en Turquie la production réalisée à Aulnay, le géant de l’automobile devant commencer en 2025 l’assemblage de ses nouveaux utilitaires dans une usine turque. Une situation qui s’inscrit dans un mouvement conséquent de fermetures de sous-traitants automobiles en France, entraînant le licenciement de milliers de salariés ces dernières années dans le secteur.

«Macron et son gouvernement se gargarisent d’un sommet pour attirer les investisseurs, Choose France, choisir la France. On aimerait que Macron dise à Tavares [PDG de Stellantis, ndlr] de choisir la France et de ne pas délocaliser», a lancé lors d’un rassemblement près du tribunal de Bobigny la députée LFI Nadège Abomangoli. Dix ans après la fermeture définitive de PSA Aulnay, la liquidation de MA France pourrait sonner le glas de la dernière usine automobile de Seine-Saint-Denis.