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Libération
Vœu pieux

Avec LVMH et Total dans le viseur, le ministre de l’Economie en «appelle au patriotisme des patrons»

Dans une interview donnée à «la Tribune dimanche», Eric Lombard exhorte les grands patrons, Bernard Arnault et Patrick Pouyanné en tête, à la solidarité française dans la guerre commerciale menée par les Etats-Unis.
Le ministre de l'Economie, Eric Lombard, le 9 avril. (Abdul Saboor/Reuters)
publié le 20 avril 2025 à 13h07

Les grands patrons râlent, le ministre de l’Economie hausse le ton. A la une de la Tribune dimanche ce jour, c’est un Eric Lombard remonté qui exhorte les chefs d’entreprise à ne pas céder à la tentation du chacun pour soi à l’heure du chaos économique provoqué par les Etats-Unis. «J’en appelle au patriotisme des patrons», clame même le ministre de l’Economie en gros titre.

Un mot lourd qui en dit long sur la nervosité du gouvernement face aux critiques venues des PDG du CAC40, notamment Bernard Arnault (LVMH) et Patrick Pouyanné (TotalEnergies), qui ont tout deux fustigé ces derniers jours un excès de normes et d’impôts et laissé entendre, quelle surprise, qu’ils choisiraient leurs bénéfices plutôt que la solidarité nationale et européenne si la guerre économique devait s’envenimer encore davantage.

Face aux menaces de délocalisation de Bernard Arnault, qui a ainsi affirmé jeudi que LVMH envisagerait d’augmenter sa production aux Etats-Unis si les négociations sur les droits de douane échouaient avec l’UE, Eric Lombard met en garde : «Peut-être que telle ou telle entreprise en tirerait profit à titre individuel – ce dont je doute. Mais toute l’Europe serait perdante. Et son tissu économique aussi.» Au passage, le ministre en profite pour rappeler les cadeaux déjà faits aux entreprises par les gouvernements successifs d’Emmanuel Macron depuis 2017 – baisse de l’impôt sur les sociétés, flat tax, surtaxe limitée à un an pour les grandes entreprises –, qu’on peut difficilement considérer comme hostiles aux entreprises.

Pas sûr que cela sera suffisant pour changer la boussole ultralibérale de ces grands patrons le moment venu. Dans un entretien particulièrement complaisant publié jeudi dans le Figaro, le PDG de Total, qui a brandi la menace de déménager la cotation de l’entreprise aux Etats-Unis, s’est rangé du côté de Bernard Arnault dans sa plainte contre une fiscalité supposée trop élevée qui «bride les entrepreneurs». «Les forces vives du pays sont trop taxées», peste Patrick Pouyanné du haut de ses 15,8 milliards de dollars de bénéfices en 2024. Toute honte bue, le PDG de TotalEnergies est même allé jusqu’à réclamer des coupes dans le système de redistribution, conseillant «de remettre à plat certains budgets sociaux». Une certaine idée du patriotisme.