On ne peut pas toujours donner tort à Geoffroy Roux de Bézieux. Le 2 septembre, à l’issue d’une rencontre avec Jean Castex au cours de laquelle la question des salaires avait été abordée, le patron du Medef expliquait avoir dit au Premier ministre que «l’exemple doit venir de l’Etat» s’agissant des «métiers de services, […] métiers les moins rémunérés mais qui ont […] les plus faibles marges pour l’entreprise». Et d’étayer son propos : «Quand l’Etat ou les collectivités locales ou les hôpitaux font des appels d’offres pour du gardiennage, pour de la sécurité avec des prix tirés vers le bas, il n’y a pas de marge de manœuvre pour augmenter les salaires.»
Une manière pour le «patron des patrons» de s’exonérer de ses propres responsabilités, une semaine après que le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, avait appelé les entreprises à augmenter les salaires ? Certes. Mais son constat n’en reste pas moins juste : les administrations nationales et territoriales, qui externalisent de nombreuses tâches et délèguent des missions de service public à des milliers d’associations, ont une influence directe sur la rémunération de plusieurs millions de travailleurs – et pas seulement les fonctionnaires, dont le point d’indice n’a pas été revalorisé depuis 2010. Les services de propreté, par exemple, sont de plus en plus souvent externalisés au nom d’économies budgétaires. Mais, dans les faits, ce sont les salariés qui supportent ces économies, expliquent Julie Valenti