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Libération
Pognon de dingue

Après l’annonce d’un bénéfice net record de 10,2 milliards d’euros, BNP Paribas supprime 921 postes

Avec un résultat net en hausse de 7,5 % l’an dernier, la première banque française affiche une santé de fer. Et l’avenir s’annonce rayonnant - pour la firme - entre revenus supplémentaires grâce à la hausse des taux d’intérêt et réductions de coûts. Dans la soirée, on apprenait malgré tout que la direction éjectait des centaines de postes.
La devanture d'une banque BNP à Paris, le 17 avril 2021. (Fiora Garenzi/Hans Lucas. AFP)
publié le 7 février 2023 à 7h57
(mis à jour le 7 février 2023 à 22h34)

Guerre en Ukraine, sécheresses historiques, inflation galopante… L’année écoulée n’a manifestement pas été difficile pour tout le monde. Après déjà un bénéfice net record en 2021, la BNP Paribas a fait mieux encore en 2022, avec 10,2 milliards d’euros engrangés, annonce la société ce mardi matin. Le bénéfice net de la première banque européenne a progressé de 7,5 % sur un an. Des nouvelles radieuses qui se télescopent avec une autre, parvenue quelques heures plus tard : des sources syndicales affirment que BNP Paribas prévoit en effet de supprimer 921 postes en France sur les 5 142 de sa filiale dédiée au crédit à la consommation, BNP Paribas Personal Finance.

Pour tenter de désamorcer la polémique autour des superprofits, La banque avait déjà tenu à souligner dans un communiqué qu’elle était «par ailleurs un contribuable important avec un montant total d’impôts et taxes de 7,2 milliards d’euros payés en 2022», dont 3,85 milliards au titre de l’impôt sur les bénéfices. Peut-être qu’il s’agissait aussi de faire passer la douloureuse sociale, se dit-on au vu du plan dévoilé dans la soirée: l’essentiel (un peu plus de 700) des suppressions de postes sera concentré dans des services dits fonctionnels (finance, informatique, marketing...), le reste dans les services opérationnels (centres d’appels, agences Cofinoga, etc.), précise une des sources syndicales.

Dans un communiqué, la banque assure qu’elle accordera «le plus grand respect au processus d’information et de consultation» des élus syndicaux, sans pour autant faire de commentaires sur des discussions «qui viennent juste de débuter». Et promet que ces suppressions de postes se feront sans départ contraint.

«Objectifs à la hausse»

Côté finances, tous les feux semblent pourtant au vert pour BNP Paribas. Son produit net bancaire, équivalent du chiffre d’affaires pour le secteur, ressort à 50,4 milliards d’euros en 2022, soit une hausse de 9 % sur un an. Les revenus de tous les pôles d’activité sont en hausse : +15,7 % pour la partie dédiée aux entreprises et aux grandes institutions, +9,3 % pour les banques commerciales et les métiers spécialisés et +3 % pour les métiers de financement et d’investissement.

«Fort de ces résultats qui confirment la pertinence de notre plan stratégique 2025, et confiant dans la capacité du groupe à poursuivre sa croissance disciplinée et durable, le groupe a révisé ses objectifs à la hausse», s’est félicité Jean-Laurent Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, cité dans le communiqué.

Le groupe prévoit notamment une croissance moyenne de son bénéfice de 9 % par an de 2022 à 2025, contre 7 % précédemment, soit une augmentation du bénéfice net d’environ un milliard d’euros chaque année. Pour atteindre cet objectif, BNP Paribas mise notamment sur 2 milliards d’euros de revenus supplémentaires à horizon 2025 du fait de la hausse des taux provoquée par le resserrement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne visant à juguler l’inflation.

Elle prévoit aussi des réductions de coûts plus importantes que prévu, de 2,3 milliards d’euros contre 2 milliards précédemment. Concernant le coût du risque - les sommes provisionnées en cas de défaut d’un emprunteur -, il s’est établi à près de 3 milliards d’euros, «en légère hausse de 1,4 % par rapport à 2021». Dans ces «coûts», il y a donc vraisemblablement des salariés de sa filiale BNP Paribas Personal Finance, entité dédiée au crédit à la consommation en France, qui aurait été affectée négativement par le retour de l’inflation. «C’est un métier qui a un grand avenir» mais qui subit les conséquences de «la remontée très brutale des taux» et doit donc «s’adapter», a osé sur BFM Business le directeur général délégué de BNP Paribas, Thierry Laborde. Traduction : supprimer des postes et faire partir, de manière «volontaire» des salariés.

En outre, la cession de sa filiale américaine Bank of the West, finalisée la semaine dernière pour 16,3 milliards de dollars n’est pas incluse dans le résultat, mais va permettre de libérer 11,6 milliards d’euros de fonds propres car elle a généré une «plus value exceptionnelle d’environ 2,9 milliards d’euros» nette d’impôts.

La banque a par ailleurs été prise pour une cible par Extinction Rebellion (XR) dans le lundi 6 au soir. Dans une trentaine de villes, des militants ont mis hors service des distributeurs de billets de l’entreprise. «BNP Paribas est le premier financeur européen du développement des énergies fossiles», explique XR., qui dénonce aussi l’absence de transparence sur le bilan carbone de la banque. La politique sociale de l’entreprise est aussi visée puisque XR lui reproche son système de facturation de frais supplémentaires pour les personnes les plus fragiles financièrement.