Exit la prévision de croissance pour 2024, pierre angulaire des calculs budgétaires : Bruno Le Maire a annoncé dans le 20 heures de TF1 qu’il abaissait sa prévision pour 2024 à 1%, au lieu des 1,4% attendus jusqu’ici, ce que tous les experts jugeaient depuis des mois trop optimiste. Dans la foulée, le ministre a annoncé un plan de 10 milliards d’euros d’économies, dont 1 milliard sur MaPrimeRenov, le dispositif d’aide aux travaux de rénovation énergétique. Et ce serrage de vis n’est qu’un début.
L’augmentation de cette aide phare de la transition énergétique, qui devait passer de 2,4 à 5 milliards d’euros en 2024, constituait pourtant une des mesures les plus vantées par le gouvernement d’Elisabeth Borne, qui s’était félicité en octobre d’une augmentation «historique» de cette prime que beaucoup de défenseurs du climat trouvaient déjà trop faible. Elle ne sera donc portée qu’à 4 milliards d’euros cette année. C’est mieux qu’en 2023, mais cela reste insuffisant au vu des besoins : l’augmentation prévue devait permettre de financer chaque année 200 000 rénovations.
Gels de crédits
Il s’agit de la mesure d’économie la plus visible annoncée par le ministre ce dimanche 18 février au soir, qui a justifié ses décisions par un environnement défavorable. La prévision annoncée «tient compte du nouveau contexte géopolitique», a expliqué le ministre de l’Economie, évoquant la guerre en Ukraine, le Moyen-Orient, le «ralentissement économique très marqué en Chine» et «une récession en 2023 en Allemagne». Dans ce contexte, la croissance française «résiste mieux», selon lui, puisqu’elle elle sera supérieure à celle de 2023 – 0,8% selon l’Insee – grâce aux réformes menées par le gouvernement, a expliqué Bruno Le Maire. A noter que sa prévision de 1% est aussi plus optimiste que celle de la Banque de France.
Moins de croissance implique moins de recettes fiscales, mais le ministre a écarté toute augmentation d’impôts. D’où sa décision «pour maintenir le déficit à 4,4 %» du PIB – ce que Bruxelles trouve déjà bien trop élevé – de dégager 10 milliards d’économies sur le buget de l’Etat, et uniquement lui. Ni celui de la Sécurité sociale, ni celui des collectivités locales ne sont concernés.
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Pour la moitié de la somme, il s’agira de mesures générales d’économies, autrement dit des gels de crédits, qui peuvent être décidés par décret. Cinq milliards d’euros devront être économisés sur le budget de fonctionnement «de tous les ministères», selon Bruno Le Maire. L’autre moitié proviendra de l’annulation de politiques publiques, notamment des opérateurs de l’Etat (France Compétences, le Centre national d’études spatiales, l’Agence nationale de la cohésion des territoires, Business France…) pour 1 milliard d’euros, d’une réduction de l’aide publique au développement de 800 millions d’euros, et enfin de la réduction de l’enveloppe de MaPrimeRenov.
«De nouvelles baisses pour 2025»
Mais d’autres (gros) trains d’économies se profilent à l’horizon : dès cette année, en fonction de l’évolution des taux d’intérêt, critère «décisif pour la conjoncture», le gouvernement sa garde la «possibilité [...] budget rectificatif à l’été en fonction des circonstances économiques et en fonction de la situation géopolitique». Autrement dit des économies plus importantes encore. Mais cela nécessiterait de passer la barre du Parlement, avec à la clé un possible usage du 49.3. Et ce avant d’éventuelles nouvelles baisses de dépenses pour le projet de loi de finances pour 2025. Le gouvernement Borne avait déjà annoncé vouloir 12 milliards d’économies pour l’an prochain.