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Libération
Autosatisfecit

Bruno Le Maire se pose en seul rempart contre «un naufrage économique et financier pour la France»

Dans une tribune publiée dans «le Figaro», le ministre s’autocongratule pour ses sept ans à Bercy et alerte sur les conséquences de l’arrivée d’un nouveau gouvernement sur la maîtrise des comptes publics.
Bruno Le Maire à Paris, en mars 2020. (Denis Allard/Libération)
par Noa Jacquet
publié le 11 juillet 2024 à 13h53

Moi ou le chaos, Bruno Le Maire joue la même carte qu’Emmanuel Macron. Bientôt forcé à la reconversion par le résultat des élections législatives, l’actuel ministre de l’Economie et des Finances défend son bilan (et son poste) dans une tribune publiée dans le Figaro ce jeudi 11 juillet. Ton solennel, à la limite du catastrophique, le ministre alerte sur les risques d’un changement de cap économique du prochain gouvernement qui conduirait à un crash de la maîtrise des comptes publics.

Bruno Le Maire revient donc sur ses sept ans à Bercy, et s’autofélicite de sa maîtrise des finances publiques. De la sortie de la procédure pour déficit excessif en 2018 – qui vient d’être réouverte par la Commission européenne –, à sa politique du quoi qu’il en coûte pendant la crise Covid, Bruno Le Maire tient à montrer qu’il tenait les rênes : «A chaque fois, nous avons massivement protégé les entreprises et les salariés, comme aucun autre pays dans le monde.»

Dérapage

Le ministre en profite aussi pour répondre à ses détracteurs de La France insoumise notamment, sur le chiffre «rabâché» contre lui : 1 000 milliards d’euros de dette en plus depuis son arrivée. «Un chiffre absurde», un «non-sens financier», dit-il. L’important étant de comprendre cette augmentation au regard de la richesse créée pendant sept ans, selon le ministre, qui évacue la question du déficit public en 2023, bien plus creusé que prévu. Un dérapage qui a pourtant valu à la France une dégradation de sa note par l’agence de notation Standard’s & Poor’s.

Et malgré le chamboulement de la dissolution, Le Maire compte bien tenir sa feuille de route pour les derniers jours lui restant, à savoir 25 milliards d’euros d’économies supplémentaires à réaliser en 2024. Il se targue d’avoir «envoyé aujourd’hui aux différents ministères le montant de dépenses maximal autorisé pour l’année 2024», représentant l’effort de l’Etat de 5 milliards pour la deuxième tranche de 10 milliards d’économies. Un courrier dont le contenu ne sera pas rendu public et qui n’engage à rien : le ministre n’a encore activé aucun levier législatif pour couper cette deuxième tranche annoncée au printemps. Par ailleurs rien n’empêche un prochain gouvernement de revenir sur cette décision.

«Spirale infernale»

Sur la trajectoire de redressement des comptes publics, Bruno Le Maire se fait par ailleurs ministre responsable, attelé à la tâche de la préparation du projet de loi de finances pour 2025 : «C’est ma responsabilité de ministre des Finances de garantir la continuité de l’Etat, et de préparer pour début août au plus tard un budget. Ce sera de la responsabilité politique du prochain gouvernement de valider ou non ces options.»

Faites ce que vous voulez, mais suivez-moi. C’est ce que répète enfin Bruno Le Maire, comme depuis plusieurs semaines, prédisant une «spirale infernale» à un futur gouvernement qui, dans la poursuite d’une trajectoire économique alternative, augmenterait massivement les impôts, référence implicite au programme du Nouveau Front populaire – ou laisserait «filer les déficits de la dette». «Ce serait tout simplement un naufrage économique et financier pour la France» alerte le ministre, qui dramatise : «Personne ne sera épargné.» Bref, la seule alternative crédible, c’est lui et c’est sur ce constat que le ministre – qui n’a pas voulu se présenter aux législatives – conclut sa tribune : «C’est pour ces raisons que je continuerai de défendre la voie du travail, des économies et de l’investissement dans le futur. C’est la seule voie responsable pour la France.» Il n’a toujours pas annoncé sa candidature pour l’élection présidentielle de 2027.