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Budget 2025 : Attal continue comme si de rien n’était

Les lettres plafond, qui fixent les crédits par ministère pour l’an prochain, ont été envoyées ce mardi après-midi par Matignon aux ministres démissionnaires. Une étape de plus franchie dans la préparation du projet de loi de finances de l’an prochain.
Gabriel Attal, lors d'un meeting de campagne de Valérie Hayer, à Aubervilliers, le 1er juin. (Albert Facelly/Libération)
publié le 20 août 2024 à 20h00

C’est une incongruité de plus. Ce mardi 20 août, les ministres démissionnaires ont reçu du courrier de Matignon, dont le contenu ne devrait guère les concerner. Gabriel Attal, qui est à la fois Premier ministre démissionnaire et président du groupe Ensemble à l’Assemblée, leur a fait parvenir les lettres plafond, qui fixent leurs dépenses pour chacune de leurs missions pour l’an prochain. Quand aucun d’entre eux ne sera – a priori – plus en poste. Cette étape du processus budgétaire, préalable à la présentation du projet de loi de finances le premier mardi d’octobre, a lieu d’ordinaire un peu plus tôt dans l’été et résulte de discussions souvent animées entre les ministres, Bercy et Matignon, qui n’ont pas eu lieu cette année.

L’inflation non prise en compte

Le gouvernement démissionnaire a choisi de garder, pour le budget de l’État qui a été élaboré pour 2025, le même montant que celui de cette année, soit 492 milliards d’euros. «C’est un budget dit zéro valeur, c’est assez rare de le faire», explique-t-on à Matignon, lors d’un échange avec la presse. Il n’est donc pas apprécié du montant de l’inflation. Une décision prise au nom du rétablissement des finances publiques.

Si Matignon refuse de détailler le montant alloué ministère par ministère, certains montants ont néanmoins déjà été inscrits dans les différentes lois de programmation, comme celle militaire votée l’été dernier, qui prévoit une hausse du budget de 3,3 % en 2025 par rapport à 2024. Pour le budget de la culture, il y a «une stabilité, mais pas de baisse, comme l’avait demandé le président», indique-t-on à Matignon. Pour les économies, le budget du travail et de l’emploi sera concerné, avec «la baisse du chômage» et les réformes de l’apprentissage qui sont dans les cartons pour rendre «plus économes et plus efficaces» ces dispositifs, dont les dépenses atteignent 20 milliards d’euros par an. Un sujet traité dans les revues de dépenses réalisées au premier semestre par les administrations et qui n’ont jamais été rendues publiques.

«Budget réversible»

Matignon ne dévoile pas à la presse l’objectif de déficit public pour 2025 inscrit dans le projet de loi de finances, pour l’heure tenu secret, et que les prochains occupants trouveront à leur arrivée. Dans le programme de stabilité envoyé à la Commission européenne avant l’été, le gouvernement actuel comptait le faire passer de 5,1 % à 4,1 % du produit intérieur brut l’an prochain. «Cela dépendra aussi des hypothèses retenues pour les comptes des collectivités locales et du budget proposé pour les administrations de sécurité sociale», ajoute Matignon.

La préparation du budget suit son cours, alors que les élections législatives ont eu lieu il y a plus de 40 jours et que le président de la République n’a toujours pas nommé de chef (fe) du gouvernement. Un choix largement critiqué par les oppositions, comme Lucie Castets, la candidate proposée par le Nouveau Front populaire qui dénonce dans nos colonnes «un problème démocratique majeur» . «L’envoi de lettres plafonds a un objectif républicain, un objectif de responsabilité et un objectif de préparation de l’avenir», se défend Matignon, qui invoque la «continuité de l’État» et assure que ces lettres ne «sont pas gravées dans le marbre» et pourront être modifiées par le prochain gouvernement. Un nouveau concept est né, celui du «budget réversible». Encore une incongruité.