Certains, au gouvernement, l’appellent déjà «le budget du siècle». La formule n’est peut-être pas si hyperbolique que ça. Rarement la préparation de cet exercice annuel d’ordinaire très codifié n’a été autant perturbée par les circonstances politiques, et notamment par les cinquante et un jours laissés entre la démission du Premier ministre Gabriel Attal et la nomination de son successeur, Michel Barnier. Le calendrier législatif a volé en éclats et c’est avec dix jours de retard que le projet de loi de finances (PLF) pour l’an prochain sera présenté en Conseil des ministres, le 10 octobre, en même temps que le celui de financement de la Sécurité sociale (PLFSS).

Ce que l’on connaît de son contenu distingue déjà ce PLF des autres. Dans la partie du texte transmise mardi soir au Haut Conseil des finances publiques (HCFP), le gouvernement fait part de son intention de ramener le déficit public de 6,1 % du produit intérieur brut cette année à 5 % l’an prochain, et de le faire repasser sous les 3 % en 2029. Cette trajectoire revient à réaliser un effort de 60 milliards d’euros l’an prochain, un montant colossal mis en avant par le gouvernement, qui correspond à la différence entre ce que serait le niveau du déficit l’an prochain si rien n’était fait (7 points de PIB) et la cible retenue de 5 %. «Deux points de PIB affichés, on ne l’a jamais fait depuis 2011 et on avait ­constaté que cette austérité trop forte et trop rapide était une erreur qu’il ne fallait plus reprodu