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Transports

Budget 2025 : la taxe sur les billets d’avion pourrait doubler pour atteindre un milliard d’euros de rendement

Prélevée sur chaque vol au départ de la France, la taxe augmenterait de manière significative, selon le projet de loi de finances présenté ce jeudi 10 octobre, sur les liaisons commerciales et serait appliquée également sur les jets privés, qui n’y étaient pas soumis jusqu’à présent.
La taxe de solidarité sur les billets d’avion représente à ce jour 7,50 euros pour un Paris-New York en classe économie et 63 euros pour la même liaison effectuée en classe affaires. (Xose Bouzas/Hans Lucas)
publié le 10 octobre 2024 à 20h14

Elle figure en petits caractères sur les billets d’avion, au milieu d’une série de prélèvements opérés sur chaque voyage aérien. Intitulée au départ «taxe Chirac» du nom de son créateur, elle a rapporté, l’an dernier, 450 millions d’euros au budget de la nation. Elle est appliquée sur tous les vols au départ de la France quelle que soit la compagnie. La taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) représente, à ce jour, 7,50 euros pour un Paris-New York en classe économie et 63 euros pour la même liaison effectuée en classe affaires.

Gotha du business

L’objectif du gouvernement, selon le projet de loi de finances pour 2025 présenté ce jeudi 10 octobre, est de plus que doubler le produit de cette taxe afin d’atteindre un milliard d’euros. Pour autant, l’exécutif reste relativement évasif à ce sujet. Il renvoie à un amendement qui devra être présenté par des parlementaires pour les modalités de mise en œuvre de ce prélèvement.

L’augmentation significative de la TSBA serait menée dans deux directions. D’abord, les jets d’affaires qui, aujourd’hui, échappent à cette taxe, seraient désormais concernés. Une manière de rétablir un équilibre avec les vols commerciaux classiques. D’autant que, si les avions privés utilisés par le gotha du business et du spectacle sont plus petits, leur niveau d’émission de gaz à effet de serre ramené au nombre de passagers est beaucoup plus élevé que sur un long ou moyen courrier. Idem pour le prix moyen acquitté par passager, qui est deux à cinq fois plus coûteux qu’un billet en classe affaires sur une ligne régulière. Selon les informations recueillies par Libération, l’aviation privée contribuerait à hauteur de 150 millions d’euros sur le milliard attendu.

Hausse payée par le passager

Pour le reste, les compagnies aériennes françaises, principales concernées par cette augmentation de la TSBA, font grise mine et s’estiment lésées au regard de leurs concurrentes européennes ou asiatiques. Air France, qui contribuait à hauteur de 140 millions d’euros par an, estime que la facture va sérieusement augmenter pour ses clients. Sans pour autant, toutefois, que les barèmes de fixation de cette taxe revue et corrigée ne soient encore connus. Un point est acquis en revanche : la hausse sera répercutée à l’euro près sur le prix du billet d’avion et sera donc payée par le passager. «Les compagnies aériennes sont en état de convalescence et déjà lourdement taxées», justifie le PDG de Corsair, Pascal de Izaguirre, qui met en avant les quotas d’incorporation de carburant vert dans les réservoirs des avions à un prix deux fois supérieur au kérosène. L’augmentation de la TBSA, outre les recettes fiscales supplémentaires qu’elle représente, vise indirectement un autre objectif : la limitation de la croissance du transport aérien de manière à contenir les émissions de gaz à effet de serre.