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Budget 2026 : la ministre Amélie de Montchalin n’écarte pas la suppression de l’abattement fiscal des retraités

Pour trouver les 40 à 50 milliards d’euros d’économies pour le prochain budget, la ministre des Comptes publics ouvre la porte à la suppression de cet abattement fiscal de 10 % sur les revenus des retraités.
La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, le 16 avril à Paris. (Ludovic Marin/AFP)
publié le 20 avril 2025 à 10h55

Une nouvelle source de recettes potentielle au prix de la levée d’un tabou notable. La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, n’écarte pas la possibilité de supprimer l’abattement fiscal dont bénéficient les retraités, estimant samedi «que ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution», dans une interview au Parisien. Les retraités peuvent, comme les actifs, diminuer de 10 % leurs revenus au moment de leur déclaration, une possibilité jugée «aberrante» par le Medef, qui a appelé à sa suppression.

Interrogée par le Parisien sur la possibilité de supprimer cet abattement, Amélie de Montchalin a indiqué que, «dans le cadre du conclave» sur les retraites, les «partenaires sociaux regardent l’ensemble des sujets», y compris «les avantages pour les retraités». «Je pense, à titre personnel, qu’on ne peut pas indéfiniment mettre à contribution les actifs pour financer les nouvelles dépenses sociales liées au vieillissement, a-t-elle avancé. Ce n’est pas votre âge qui doit définir votre contribution, mais aussi les moyens dont vous disposez.»

Le gouvernement cherche à supprimer des niches fiscales dans le cadre du budget 2026 pour tenter de réduire le déficit public, qui s’est creusé à 5,8 % du produit intérieur brut en 2024. L’abattement fiscal pour les retraités a été introduit en 1978 dans l’objectif de les mettre à égalité avec les actifs qui bénéficient eux aussi d’une déduction fiscale automatique de 10 % de leurs revenus au moment de leur déclaration, pour frais professionnels.

Supprimer l’abattement sur les revenus des retraités entraînerait pour certains l’augmentation de leur impôt sur le revenu et ferait que d’autres, qui sont non imposables aujourd’hui, le deviennent.

Le président du Conseil d’orientation des retraites favorable

Le président du Conseil d’orientation des retraites (COR), Gilbert Cette, s’est dit en janvier favorable à la suppression de cet abattement fiscal, rejoint ensuite par le président du Medef, Patrick Martin. «Qu’un retraité bénéficie d’une exonération fiscale pour des frais professionnels», «pour 4 milliards et demi d’euros par an», c’est «contre-nature» et «aberrant», selon le dirigeant de la première organisation patronale. En 2022, le COR avait souligné que les retraités «détiennent un patrimoine net supérieur en moyenne de 35 % par rapport à celui des actifs».

Mais pour l’Unsa Retraités, «l’abattement de 10 % appliqué à la fiscalité des retraités n’a rien à voir avec la déduction fiscale pour frais professionnels» des actifs, écrivait-elle dans un communiqué en mars. Sa suppression «augmenterait la contribution fiscale de 8,4 millions de retraités, soit la moitié de l’ensemble des retraités, et dans cette moitié, tous ne sont pas riches», selon le syndicat.