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Libération
Déjà fatigués

«Ça va durer trois mois, comme les résolutions du Nouvel An» : l’engouement sportif post-JO risque de vite s’essouffler

L’enseigne Decathlon a connu une hausse significative de la fréquentation pendant les Jeux de Paris 2024. Une visite dans le magasin près du Stade de France montre cependant que «l’effet JO» pourrait être très éphémère.
Maxime, 23 ans, qui pratique le tennis de table et la muscu, pense que les JO ne le «pousseront pas à faire d’autres sports» mais que les performances des frères Lebrun pourraient «l’amener à faire d’avantage de compétitions». (Serge Attal/Only France. AFP)
par Paul Dubois
publié le 14 août 2024 à 17h55

Au Decathlon de Saint-Denis, en face du Stade de France, temple du sport français, ce n’est pas la grande foule, deux jours après la fin des Jeux olympiques, qui ont pourtant fait découvrir aux Français des disciplines méconnues, du BMX au kayak cross. De là à franchir le pas… «Ça fait trente ans que l’on vit à côté d’un club nautique, et les JO m’ont donné envie d’essayer le canoë ou l’aviron. On a regardé avec mon mari, on fait déjà de la randonnée mais honnêtement ça ne va pas changer nos habitudes», confie Isabelle, une sexagénaire venue acheter des équipements pour son gendre, coureur régulier.

Pendant les JO, le groupe Decathlon a pourtant observé les clients se presser dans ses enseignes. Virginie Sainte-Rose, directrice des partenariats de l’enseigne – partenaire officiel des Jeux – indique que le magasin de la place de la Madeleine à Paris a «vu sa fréquentation croître de 28 % pendant les JO par rapport à l’année précédente». Mais il est difficile de savoir si les visites sont liées à l’événement.

«Il n’y en a que pour le foot»

Maxime, 23 ans, qui pratique le tennis de table et la musculation, pense que les JO ne le «pousseront pas à faire d’autres sports» que ceux qu’il fait déjà, mais que les performances des frères Lebrun pourraient «l’amener à faire d’avantage de compétitions». Mais aucun des clients ne semble être venu à Decathlon après une révélation olympique. La direction du magasin n’a pas souhaité répondre aux sollicitations de Libération concernant sa fréquentation et ses ventes.

Emmanuel, casquette à l’envers et baskets flambant neuves, coach dans un club d’athlétisme de Seine-Saint-Denis, en est certain : «Après chaque JO, il y a de nouvelles inscriptions à la rentrée qui suit. Mais comme d’habitude, ça va durer trois mois comme les résolutions du Nouvel An», déplore-t-il. L’enjeu est ailleurs et il ne faut pas trop attendre de cette période, confie ce passionné : «Il n’y en a que pour le foot. En athlétisme, une des seules références pour les jeunes, c’est Marie-José Pérec, qui n’a pas couru depuis vingt-cinq ans. Ce n’est pas en mettant une discipline en lumière tous les quatre ans qu’on met des gens au sport.»

Emballement durable ou pas, il pourrait en tout cas y avoir un pic d’inscriptions à la rentrée dans les clubs sportifs, qui se traduira par une hausse des ventes de matériel, estime Virgile Caillet, délégué général de l’Union sport & cycle, la première organisation professionnelle des entreprises de sport.