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Mini réduction

Carburants : le gouvernement annonce «près de 120 000 opérations» à prix coûtant «dans 4 000 stations»

Après avoir dû remballer sa proposition de vente à perte, le gouvernement a convenu ce mardi avec la filière d’opérations à prix coûtant. Ce qui devrait se solder par un ou deux petits centimes de moins à la pompe.
Le gouvernement a convenu ce mardi 26 septembre avec la filière d’opérations à prix coûtant, ce qui devrait se solder par un ou deux petits centimes de moins à la pompe. (Valentine Chapuis/AFP)
publié le 26 septembre 2023 à 20h11

L’exécutif voulait reprendre la main après le fiasco de l’hypothèse d’une «vente à perte». A l’issue d’une réunion avec les principaux distributeurs, ce mardi 26 septembre, à Matignon, le gouvernement a annoncé «près de 120 000 opérations» de vente de carburant à prix coûtant «dans 4 000 stations» françaises jusqu’à la fin de l’année. Une annonce qui n’aura pas une grande incidence sur le prix à la pompe.

Les enseignes Carrefour et Leclerc se sont engagées à réaliser de telles opérations tous les jours, Casino, Cora et Intermarché en réaliseront deux week-ends par mois, Système U et Auchan au moins un week-end par mois, a détaillé Matignon, qui précise que ces engagements s’ajoutent au gel par TotalEnergies du prix à 1,99 euro le litre dans ses 3 400 stations.

Concrètement, ces annonces ne devraient pas changer grand-chose pour le quotidien des automobilistes. Sur les 11 000 stations que compte la France, seules 4 000 sont concernées. Et pour celles qui le sont, la baisse à la pompe devrait être minime. Entre un centime et deux centimes par litre, selon les estimations concordantes du lobby pétrolier Ufip et de Système U. «A l’échelle d’un plein, l’économie n’est pas mirobolante : au mieux 1,90 euro pour 50 litres de sans-plomb 95-E10 et 2,20 euros pour du gazole», a calculé de son côté le magazine Auto Plus.

Pression sur les raffineurs et les pétroliers

Plus tôt dans la journée, l’enseigne Leclerc avait déjà dégainé en annonçant qu’elle proposerait dès vendredi dans 750 stations-service de «l’essence à prix coûtant tous les jours». Sur Twitter, le président du comité stratégique du groupe de distribution, Michel-Edouard Leclerc, a ajouté : «Cela veut clairement dire sans profit et tous les jours, pas seulement les week-ends comme lors de nos opérations précédentes.» «C’est une réponse positive à l’appel du Président enjoignant à chaque acteur de la filière de proposer des rabais ou des prix plus bas», écrivait-il, évoquant aussi «un acte de solidarité à l’égard de tous les clients effrayés par les hausses et dont le pouvoir d’achat est très impacté».

Michel-Edouard Leclerc précise que «cette initiative Leclerc, construite pour durer, devrait être réévaluée ou adaptée pour tenir compte des conditions d’approvisionnement et de l’implication attendue des pétroliers». Et de conclure, comme une manière de mettre la pression sur les raffineurs et pétroliers : «De notre côté, on fait le job. Maintenant c’est aux autres acteurs de la filière d’apporter leur contribution.»

Le patron de Système U, Dominique Schelcher, avait de son côté confirmé sur BFMTV-RMC qu’il procéderait par «opérations» : «Cela ne peut pas être du prix coûtant permanent», avait-il précisé concernant son enseigne, évoquant des «marges faibles, 2 centimes en moyenne au litre».

Le groupe pétrolier TotalEnergies, qui gère le tiers des stations-service en France et qui a prolongé jusqu’à l’an prochain son opération de plafonnement à 1,99 euro du prix du litre d’essence et de gazole, fait, lui, valoir que sa contribution «ne se limite pas à une mesure de “prix coûtant”». Le groupe souligne dans une déclaration à l’AFP que «ce n’est pas la marge de raffinage en France qui permet [ce] plafonnement» mais «la bonne santé globale de [la] compagnie». TotalEnergies indique que depuis quinze ans les marges du raffinage sont «calamiteuses», précisant avoir pour sa part essuyé plusieurs années de pertes sur cette activité, dont 400 millions d’euros en 2021.

Contraint et forcé, Emmanuel Macron avait acté dimanche l’abandon de l’idée d’une vente à perte, rejetée par l’ensemble des distributeurs et avait chargé sa Première ministre de réunir les représentants de la filière. Elisabeth Borne leur a fixé un nouveau rendez-vous en décembre.