Après un premier coup de semonce lundi, les syndicats CFDT et CGT de Sanofi appellent ce mercredi 16 octobre une grève reconductible à partir de jeudi, pour s’opposer à la cession attendue à un fonds américain de la branche Opella, qui commercialise notamment le Doliprane.
La CFDT, syndicat prépondérant chez Sanofi (34 %), souhaite ainsi «exprimer sa colère contre la vente d’Opella», sur tous les sites du groupe, selon un tract. Cette décision a été prise à la suite d’un courrier de la direction adressé aux salariés qui «continue de minimiser les choses», a précisé Humberto de Sousa, syndicaliste CFDT Sanofi. «Elle n’a pas bougé d’un iota, elle a toujours l’intention de vendre à un fonds américain et déroule le plan, quelles que soient les injonctions du gouvernement», a-t-il ajouté.
La CGT lance, elle, un «appel clair et franc, en illimité jusqu’au retrait de la vente d’Opella», sur les deux sites français d’Opella à Lisieux (Calvados) et Compiègne (Oise), a annoncé Fabien Mallet, syndicaliste CGT Sanofi France. Selon les informations de BFMTV, les syndicats exigent que le groupe pharmaceutique français conserve au minimum la majorité du capital (50,1 %) dans Opella.
De son côté, le syndicat FO annonce à Libération qu’il rejoindra lui aussi le mouvement de grève à Lisieux, seul site à fabriquer du Doliprane. Michaël Cuvillier, Délégué Syndical Central FO, précise toutefois ne pas appeler à la grève sur le site de Compiègne, considérant cela comme «trop prémédité». «Nous attendons de voir ce que propose Sanofi en terme de socle social», précise-t-il, tout en ajoutant ne pas exclure d’élargir le mouvement de grève dans quelques jours.
Le gouvernement demande des gages
Dans son point d’information adressé aux salariés dont l’AFP a obtenu copie, Sanofi répète notamment que le Doliprane continuera d’être produit en France et présente son maintien à hauteur de 50% au capital d’Opella comme une garantie de son ancrage français.
Le groupe pharmaceutique français a annoncé vendredi avoir choisi le fonds CD&R pour lui céder potentiellement le contrôle d’Opella, qui commercialise une centaine de marques de produits sans ordonnance dont le Doliprane (paracétamol). Cette opération soulève de fortes préoccupations chez les salariés et les responsables politiques pour des enjeux de souveraineté sanitaire et d’emplois.
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Le nouveau ministre de l’Economie Antoine Armand, qui s’est rendu lundi à Lisieux sur le site de production du Doliprane, a ainsi répété les «engagements très précis» discutés avec les parties prenantes de la transaction en matière de maintien de l’emploi, de l’empreinte industrielle, de la localisation du siège et de la recherche et développement. «Nous sommes prêts à demander des sanctions et l’étude d’une prise de participation» publique «pour que ces engagements soient tenus», a-t-il répété. Par ailleurs, «l’ensemble de la procédure de contrôle des investissements étrangers» en France sera mobilisé si la vente devait être confirmée, a-t-il insisté.
«Le scandale de la stratégie industrielle du gouvernement, c’est qu’elle consiste à donner les pleins pouvoirs aux multinationales. Et là, en l’occurrence, on a une multinationale qui considère qu’elle peut faire la pluie et le beau temps», a de son côté affirmé ce mardi sur TF1 la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet.
Mise à jour : à 13 h 10, avec du contexte supplémentaire ; à 16 h 35 avec l’annonce de FO