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Interview

«C’est en matière de reproduction des inégalités que la France a le plus de progrès à faire»

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Jean-Luc Tavernier, le directeur général de l’Institut national de la statistique et des études économiques, revient sur deux enquêtes publiées ce jeudi 11 juillet, l’une sur le taux de pauvreté, l’autre sur les privations matérielles et sociales.
«L’enquête que nous avons réalisée sur les privations matérielles et sociales montre bien que les personnes sont, début 2023, de plus en plus nombreuses pour des raisons financières à renoncer à chauffer leur logement correctement ou à manger un aliment protéiné tous les deux jours», détaille Jean-Luc Tavernier, de l'Insee. (Lys Arango/VU')
publié le 11 juillet 2024 à 17h00

Quelles traces vont laisser chez les plus vulnérables le choc inflationniste majeur que la France vient de connaître, le plus fort depuis les années 80 ? Des premiers indices sont apportés par la statistique nationale. Sur l’année 2022, celle de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, l’inflation a atteint 5,2 % en moyenne, après 1,6 % en 2021. Le taux de pauvreté n’a pas explosé, il s’est stabilisé à un niveau élevé, concernant 14,4 % de la population. Ils étaient alors 9,2 millions de personnes résidant en logement ordinaire à vivre sous le seuil de pauvreté monétaire, correspondant à 60 % du niveau médian, soit 1 216 euros par mois pour une personne seule, 1 824 euros pour un couple sans enfant. La proportion de personnes vivant dans une situation de privation matérielle et sociale a légèrement augmenté, pour atteindre 13,6 % de la population vivant dans un logement ordinaire.

Comment expliquer que le décalage entre un taux de pauvreté qui reste stable, à 14,4 % de la population en 2022, et le fait que la même année, l’inflation a atteint un niveau inconnu depuis quarante ans ?

La première raison, c’est que beaucoup de revenus sont indexés sur l’inflation,