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Gabriel Zucman alerte sur la moindre efficacité d’une version light de sa taxe: «C’est se condamner à la défaite»

En plein débat à l’Assemblée nationale sur le projet de loi de finance 2026, l’économiste critique ce samedi 25 octobre une mesure alternative à sa taxe proposée par les socialistes.

Gabriel Zucman à Paris le 1er octobre 2025. (Stephane de Sakutin/AFP)
Publié le 25/10/2025 à 12h07

Gabriel Zucman a défendu ce samedi 25 octobre sur France Inter la version originelle de sa taxe sur les hauts patrimoines qui porte son nom et figure à l’agenda des discussions parlementaires en cours sur le budget 2026. «Dès qu’on introduit des exonérations […] on lance la machine à optimisation» fiscale, a prévenu l’économiste, réagissant à une mesure de taxation des hauts patrimoines mise sur la table par les députés socialistes, qui sont engagés dans des négociations avec le bloc central.

La taxe Zucman s’est imposée dans le débat public ces dernières semaines, mais a été rejeté lors de l’examen en commission. Alors le groupe socialiste de l’Assemblée nationale propose, dans un amendement au projet de loi de finance, d’instaurer un impôt minimum de 3 % sur les hauts patrimoines, à partir de «10 millions d’euros», contre 2 % sur les patrimoines à partir de 100 millions pour la taxe Zucman.

Cette nouvelle version inclut certes les biens professionnels, mais les socialistes estiment répondre à certaines objections du camp gouvernemental, en excluant de l’assiette les entreprises familiales et celles dites «innovantes».

S’il s’est dit favorable au débat sur les modalités de la taxe, notamment sur le seuil de patrimoine requis pour y être éligible, le désormais célèbre économiste est resté plus réservé sur la mise en place de cas particuliers pour en être en partie exonéré. «Si on est sur des taux effectifs de moins de 2 %, par exemple parce qu’on crée des exonérations pour les biens professionnels ou autre, ça reviendrait à admettre que les milliardaires ont le droit de payer moins d’impôt que les autres catégories sociales», a prévenu l’économiste Zucman.

«Quelle que soit la nature de votre fortune, quels que soient vos mérites, quel que soit le rendement de cette richesse, il doit y avoir un plancher incompressible», a souligné Gabriel Zucman, c’est un «gage d’efficacité, de rendement budgétaire, et de justice». Pour lui, créer un impôt «mité de niches, qui offre une possibilité d’évasion […] c’est se condamner à la défaite».

LFI s’en prend au PS

Ces déclarations n’ont pas échappé à La France insoumise, qui reproche régulièrement aux socialistes de faire trop de compromis avec le bloc central. «Voilà tout est dit, par Zucman lui-même, sur les taxes Zucman ‘’light’’ sur le patrimoine mises sur la table par la groupe socialiste dans l’espoir d’un compromis avec le gouvernement», a écrit sur X le président de la commission des Finances, Eric Coquerel. «La taxe Zucman ‘‘light’’ n’est en réalité pas une taxe Zucman, mais une pièce du compromis cherché entre le PS et le gouvernement», a ajouté la députée LFI Claire Lejeune.

Les socialistes ont par ailleurs retiré un autre amendement, qui excluait les biens professionnels mais ciblait les patrimoines à partir de cinq millions d’euros, qui ne «fonctionnait pas techniquement», selon une source au sein du groupe PS.

On ignore encore quand la taxe Zucman sera débattue dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale, mais les discussions ce samedi devraient être consacrées à d’autres thèmes concernant les recettes budgétaires.