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Libération
Commission d'enquête

Affaire de la fraude aux eaux minérales : mea culpa en demi-teinte de Nestlé Waters

L'eau, une ressource essentielle et menacéedossier
Le directeur général du groupe a joué l’agent conciliateur devant la commission d’enquête du Sénat après les auditions mouvementées de deux dirigeantes du groupe empêtré dans un scandale aux eaux en bouteilles.
Le PDG de Nestlé, Laurent Freixe, à Davos en Suisse le 22 janvier. (Fabrice Coffrini/AFP)
publié le 9 avril 2025 à 20h25

Après le lapin posé par le secrétaire général de l’Elysée Alexis Kohler, la commission d’enquête du sénat a joué l’une de ses dernières cartes pour tenter de faire la lumière sur les responsabilités de Nestlé Waters et de l’Etat dans l’affaire de la fraude aux bouteilles d’eau minérales, avec l’audition du directeur général du groupe, Laurent Freixe, ce mercredi 9 avril. Une «dernière chance» pour le groupe au cœur du scandale de faire preuve d’un peu de transparence, a prévenu d’emblée Laurent Burgoa, le président Les Républicains (LR) de la commission d’enquête, encore échaudé par les auditions catastrophiques des dirigeantes de Nestlé murées dans leurs éléments de langages, quelques semaines auparavant.

«Oui, des traitements non conformes ont été mis en place, ce n’est pas admissible et cela n’aurait jamais dû l’être», a désamorcé Laurent Freixe, au début de son intervention. Et «de réitérer ses plus sincères regrets pour cette situation du passé qui n’était pas en phase avec les valeurs de notre groupe».

Comme preuve de bonne foi, le directeur général a rendu publique une information détenue depuis peu par les sénateurs concernant «un avis défavorable» tout juste rendu par des hydrogéologues mandatés par les services de l’Etat sur l’eau minérale naturelle du site de Vergèze dans le Gard, site historique de la marque Perrier. La pureté originelle de l’eau mise en cause, l’exploitation de cette ressource comme eau minérale naturelle l’est aussi. «Nestlé est en désaccord avec certaines conclusions», a précisé Laurent Freixe. Et tenté de rassurer : si «rien n’a été encore décidé», le groupe souhaite continuer d’opérer sur le site, sûrement via sa marque maison Perrier qui n’est pas soumise à la même réglementation.

Contenter un peu les sénateurs

Le directeur général a aussi réservé aux parlementaires l’annonce du lancement d’une enquête interne pour comprendre l’origine de la fraude. «Le temps est venu de comprendre», a-t-il solennellement déclaré. Les journalistes, magistrats et parlementaires qui tentent, pour certains depuis de longs mois d’en faire de même, en seront ravis. Autres engagements : généraliser un système pour permettre à des lanceurs d’alertes anonymes de signaler tout soupçon de fraude ou de problème de conformité et revoir les lignes de conduite professionnelles des dirigeants du groupe.

De quoi contenter un peu les sénateurs, qui ne manqueront pas de relever que sur le reste, en particulier sur la chaîne de responsabilité ayant conduit à la mise en place des pratiques trompeuses, le directeur général n’a pas apporté beaucoup de réponses, «n’ayant pas d’éclairage à apporter» aux dernières révélations de Mediapart concernant une note interne de Nestlé alertant sur la contamination en matière fécale d’une source Hépar, en 2022. Laurent Freixe a été un peu plus loquace sur les rumeurs concernant la vente de Nestlé Waters. «Nous cherchons un partenaire pour investir, mais il n’est en aucune sorte question d’une vente à 100 % ni sortie d’une sortie de l’activité», a-t-il répondu. Le rapport de la commission d’enquête doit être soumis au vote le 15 mai.