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Argent facile

Arnaque aux NFT : un influenceur «trading» sanctionné par la répression des fraudes

Epinglé par la DGCCRF pour pratique commerciale trompeuse, Mohamed Bdj a accepté, dans le cadre d’une transaction pénale, de verser 150 000 euros d’amende au Trésor public.
Entre janvier et mai 2022, l’influenceur, via le projet crazykartssociety, a promis «un enrichissement rapide et diverses gains inexistants» à ceux qui achetaient un NFT. (Instagram @crazykartssociety)
publié le 29 janvier 2025 à 10h10

La mise en scène est rodée. Sur son compte Instagram, entre voitures de luxe et voyages en première classe, l’influenceur Mohamed Bdj semble mener une vie de rêve pour ses 300 000 followers. «D’étudiant boursier à trader millionnaire», comme il se décrit lui-même dans une vidéo YouTube, Mohamed Bdj, qui affirme avoir bâti une fortune grâce au trading, va devoir se délester de 150 000 euros au profit du Trésor public. Après un accord du procureur de la République de Versailles, le jeune homme a accepté cette transaction pénale ainsi que la publication d’un communiqué de la direction générale de la répression des fraudes (DGCCRF), mis en ligne ce mercredi matin.

«La participation à des parties de jeu n’ayant jamais vu le jour»

La raison ? Une enquête menée par des agents de la direction départementale de la protection des populations des Yvelines a mis en évidence que Mohamed Bdj «était le fondateur du projet «crazykartssociety» (sans que son identification n’apparaisse sur les publications)», explique la DGCCRF. Entre janvier et mai 2022, l’influenceur, via le projet crazykartssociety, a promis «un enrichissement rapide et diverses gains inexistants» à ceux qui achetaient un NFT (un «jeton non fongible», concrètement un objet numérique censément unique) sous la forme de petit karts, «et la participation à des parties de jeu n’ayant jamais vu le jour malgré la vente de ces NFT», explique la DGCCRF dans son communiqué. En commentaire de l’une des publications encore visible sur Instagram de crazykartssociety, on peut lire qu’un NFT était vendu l’équivalent de 450 euros environ, en mai 2022.

La répression des fraudes ne communique pas sur le nombre de victimes, mais d’après le vidéaste le Radis Irradié /Eric. K, spécialisé dans les enquêtes sur les arnaques, sur les 5 000 karts annoncés au lancement du projet, seulement 3 000 ont finalement été mis en vente, dont environ 2 400 «achetés par les fondateurs» et 591 par la communauté. Autant de victimes potentielles, si l’on se fie aux estimations du vidéaste, et un préjudice qui pourrait dépasser les 265 000 euros.

«Point d’entrée en matière d’arnaque financière»

Au mois de décembre, le youtubeur TheKairi78 avait été sanctionné par la DGCCRF à verser une amende de 45 000 euros pour avoir publié des contenus publicitaires sans les signaler, faisant la promotion de «crazykartssociety». «Comme beaucoup d’influenceurs, j’accepte mon erreur de m’être empressé de faire certains placements de produits sans m’être plus renseigné sur les lois en vigueur» avait commenté TheKairi78 sur X.

Les réseaux sociaux sont un «point d’entrée en matière d’arnaque financière», avait estimé Sarah Lacoche, directrice générale de la DGCCRF, lors d’une conférence sur le sujet au mois de décembre. En 2024, la Répression des fraudes a poursuivi dix influenceurs spécialisés en trading et cryptomonnaies. Contacté, Mohamed Bdj n’a pas souhaité faire de commentaire, conseillant au passage à Libération «de trouver un très très très bon avocat».