Le budget du chèque énergie devait être «sanctuarisé», en octobre, avait promis la ministre en charge de l’Energie, Agnès Pannier-Runacher, lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2025. Une motion de censure plus tard, cette aide aux ménages les plus modestes pour réduire le coût de leur facture d’énergie est désormais dans le viseur du nouveau gouvernement. Mercredi 15 janvier sur BFMTV, la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a annoncé vouloir «réduire la voilure» sur le dispositif, puisque «les prix de l’énergie baissent».
«Des économies sur le dos des plus fragiles»
Les tarifs réglementés de l’électricité vont bien baisser en février, mais «la hausse des prix de l’énergie et notamment de l’électricité a été très importante pendant la crise énergétique et le montant des chèques n’a pas crû en proportion de la hausse des tarifs, donc pourquoi faudrait-il les adapter à la baisse ?» reproche Antoine Autier, responsable du département des études et du lobby de l’UFC-Que Choisir. En réponse à l’explosion des tarifs, le gouvernement avait opté pour une aide exceptionnelle de 100 à 200 euros pour les bénéficiaires du chèque, en 2021 et 2022, comme geste pour «le pouvoir d’achat des Français», et notamment des plus modestes.
Rogner sur le budget du chèque énergie (environ 900 millions d’euros annuels) revient à faire «des économies sur le dos des plus fragiles», dénonce aussi l’association de consommateurs Cnafal. Environ 5,6 millions de foyers, soit 20 % des ménages français, sont concernés. En fonction de leur revenu fiscal (11 000 euros au maximum) et de la composition du ménage, les bénéficiaires reçoivent en moyenne 150 euros. Jusqu’en 2023, l’envoi était automatique et la part de bénéficiaires qui a effectivement utilisé cette aide pour payer ses factures a dépassé les 80 % cette année-là. «Des bénéficiaires recevaient leur chèque sans savoir que cette aide existait», observe Antoine Autier. L’administration s’appuyait sur un croisement des données fiscales et de celles figurant sur la taxe d’habitation.
«Méconnaissance du grand public»
Les choses ont commencé à se gâter au printemps pour le lancement de la campagne 2024. Malgré les multiples alertes des associations, le gouvernement n’a pas anticipé la disparition du fichier lié à la taxe d’habitation, désormais éteinte. Près d’un million de nouveaux bénéficiaires risquait d’être exclu du dispositif. Une plateforme de réclamation a été mise en place, aussitôt critiquée par les associations de consommateurs. Sans même parler des questions d’accessibilité pour des personnes éloignées du numérique, «il y a un problème de méconnaissance du grand public de cette plateforme. Une partie des potentiels bénéficiaires ne vont pas aller demander le chèque», déplore Antoine Autier, qui s’agace de l’absence d’une grande campagne d’information pour tenter de faire baisser le non-recours. Selon lui, seule une minorité des nouveaux bénéficiaires a effectivement déposé une demande. D’après Bercy, «le guichet a émis plus de 120 000 chèques et continue a examiner les demandes qui ont été reçues entre le 29 et le 31 décembre 2024». Et la version rejetée du projet de loi finances pour 2025 confirmait l’abandon de l’envoi automatique pour la prochaine campagne. Que comporte la nouvelle mouture prévue par le gouvernement ? Le nombre de bénéficiaires va-t-il être réduit, ou bien le montant du chèque ? Pour l’instant, Bercy n’a donné aucune précision.
Mise à jour le 20/01/2025 : avec le nombre de chèque émis via le guichet complémentaire.