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Libération
Bilan contrasté

Chez les hôteliers et les restaurateurs, les JO de Paris n’ont pas profité à tout le monde

Les indépendants du secteur ont connu des baisses importantes de chiffres d’affaires cet été, alerte dans une enquête le Groupement des hôtelleries & restaurations d’Ile-de-France.
Les restaurants parisiens n'ont pas pleinement profité de l'effet JO cet été. (Ryan Pierse/Getty Images.AFP)
publié le 30 octobre 2024 à 16h46

Loin de l’autosatisfecit de l’ancienne ministre du Tourisme Olivia Grégoire, début septembre, sur les bons taux de fréquentation à Paris pendant la période estivale, le Groupement des hôtelleries & restaurations d’Ile-de-France (GHR IDF), qui regroupe plus de 3 500 établissements indépendants, dénonce l’impact négatif des Jeux olympiques pour eux. «Ce qui nous a motivés, c’est la communication mensongère du gouvernement. On ne pouvait pas laisser dire que les JO avaient été exceptionnels pour le tourisme», explique Pascal Mousset, président du GHR IDF. Du moins selon une enquête menée auprès de leurs adhérents au mois de septembre.

«Beaucoup d’appels de souffrance»

Pour 64 % des 320 répondants, les Jeux olympiques et paralympiques ont eu un effet négatif sur leurs établissements. Seulement 12 % y voient un effet positif et 19 % «contrasté». La restauration est le secteur le plus touché d’après l’étude, avec une baisse de 27 % du chiffre d’affaires sur le mois d’août (par rapport à la même période en 2024) et de 22 % en juillet. C’est 20 % de baisse du CA du côté des bars et brasseries pour les mois de juillet et d’août (toujours par rapport à 2023), après un mois de juin mauvais. L’hôtellerie, de son côté, a connu une baisse de 8 % de son chiffre d’affaires en juillet, idem en septembre. Seule éclaircie en août avec une augmentation de 13 % du chiffre d’affaires. Globalement, la majorité des répondants a observé une baisse de ses recettes sur les mois de juin, juillet et août.

«Nous avons reçu beaucoup d’appels de souffrance pendant ces trois mois, de [la part de] restaurateurs mais aussi dans l’hôtellerie, explique Valérie Saas-Lovichi vice-présidente du GHR Ile-de-France. On aurait pu se dire que c’étaient des cas particuliers, mais il y a une vraie tendance», alors que le secteur a connu une succession d’événements difficiles, remontant pour certains aux attentats de 2015, suivis des grèves, du Covid et de la crise énergétique.

Au moment de l’arrivée des JO, «nous avions un espoir même si nous ne sommes pas naïfs», ajoute-t-elle. Mais «on n’a pas été aidés, regrette la vice-présidente. Il n’y a pas eu de discours construit de la part de pouvoirs publics, [du type] “vous êtes à Paris, temple de la gastronomie, profitez-en pour découvrir l’offre de restauration, à tous les prix.”»

Hausse prévue pour la Toussaint

Le président Pascal Mousset dénonce de son côté «une communication anxiogène dès l’hiver» sur le réseau de transport pressant les Franciliens à télétravailler. Selon le GHR, le télétravail a eu un impact bien plus fort que les barrières et autres restrictions près des sites des épreuves, car il a «touché tout le monde», évoquant le cas d’un établissement situé à proximité de plusieurs sièges de grandes entreprises, en petite couronne, vidé de ses clients. Par ailleurs, environ 60 % des répondants à l’enquête estiment avoir été concurrencés par l’offre de restauration concédée sur les sites de compétition et les fan zones. Le système d’entrée sur les sites officiels aurait découragé les clients de sortir pour consommer dans les restaurants alentour, selon Pascal Mousset qui dénonce des «JO Coca-Cola». Enfin, autre concurrence, les supérettes et la restauration rapide proposant des offres moins chères à des visiteurs ayant déjà beaucoup dépensé pour assister aux Jeux.

D’après le GHR, la situation a commencé à s’améliorer fin septembre avec le retour des grands salons professionnels, même si les grandes entreprises restent «attentistes» concernant l’organisation de leurs grands événements internes. Le baromètre de l’office de tourisme de Paris annonce «un automne et un hiver prometteurs» avec des arrivées internationales attendues en hausse de 12 % pour les trois mois de novembre à janvier par rapport à la même période de 2023. «Je pense qu’il y a un effet JO qui commence à se faire sentir», a commenté Frédéric Hocquard, adjoint à la mairie de Paris en charge du Tourisme, samedi dernier. Et évoqué une hausse pour les vacances de la Toussaint «autour de 9-10 % sur les arrivées touristiques prévues par rapport à l’année précédente». «Il y a une envie de Paris», confirme Pascal Mousset du GHR. Une bonne nouvelle pour l’organisation, qui risque toutefois de ne pas être suffisante pour compenser les pertes de l’été pour les professionnels touchés.