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Euphémisme

Elon Musk annonce que Tesla pourrait connaître «quelques trimestres difficiles» d’ici à la fin 2026

Le constructeur automobile souffre notamment d’un manque de renouvellement de sa gamme, d’une concurrence accrue en Chine, de l’implication d’Elon Musk dans la sphère politique américaine ou encore d’un ralentissement du marché des véhicules électriques.
A l'usine Tesla de Fremont, en Californie, le 10 février 2022. (Josh Eldelson/AFP)
publié le 24 juillet 2025 à 11h29
(mis à jour le 24 juillet 2025 à 16h11)

Tesla continue de s’enfoncer dans la crise. Le constructeur automobile, spécialiste des véhicules électriques, pourrait connaître «quelques trimestres difficiles» d’ici fin 2026. C’est le patron de la marque au logo en forme de T, Elon Musk, qui a sonné l’alerte mercredi 23 juillet, lors d’une conférence en ligne. «Nous nous trouvons dans une phase bizarre de transition où nous allons perdre beaucoup d’avantages aux Etats-Unis […] et où nous sommes aux prémices de l’autonomie», a souligné le milliardaire, écarté de l’administration Trump début juin.

«Le quatrième trimestre 2025, le premier trimestre et le deuxième trimestre 2026» pourraient ainsi être des périodes «difficiles» pour le groupe, a-t-il précisé. Une projection vite confirmée : quelques heures plus tard, le titre Tesla perdait plus de 8% à l’ouverture de Wall Street. Vers 13h50 GMT (15h50 heure de Paris), l’action Tesla lâchait 8,22% à 305,23 dollars.

Musk a en outre assuré qu’une fois l’autonomie «déployée à grande échelle au second semestre» 2026, la situation s’améliorerait. Tesla doit en effet négocier un virage crucial lié à la conduite autonome et à l’intelligence artificielle. Sur ce point, l’entreprise a évoqué mercredi dans un communiqué une «accélération au fil du temps des revenus générés par l’IA, les logiciels et liés aux flottes». Selon les analystes de Wedbush, une société de conseil bancaire, l’autonomie représente environ à elle seule 1 000 milliards de dollars de valorisation pour l’entreprise implantée à Austin, au Texas.

Tesla a déjà lancé un service de taxi sans conducteur – robot-taxi – à Austin en juin, avec quelques Model Y en attendant la production en 2026 de son Cybercab, et prévoit de l’étendre à San Francisco, puis ailleurs (Nevada, Arizona, Floride, etc.). «Pour peu que nous obtenions les feux verts réglementaires, nous pourrions couvrir la moitié de la population américaine d’ici la fin de l’année», a relevé l’homme le plus riche du monde.

Un chiffre d’affaires en recul de 12 % sur un an

D’ici là, le groupe va s’employer à redresser ses ventes mondiales de véhicules qui ont baissé au deuxième trimestre (-13,5 % sur un an), pour le second trimestre consécutif, selon des chiffres publiés début juillet. Il souffre notamment d’un manque de renouvellement de sa gamme, d’une concurrence accrue notamment en Chine – marché très important pour Tesla –, de l’implication d’Elon Musk dans la sphère politique américaine ou encore d’un ralentissement du marché des véhicules électriques.

La suppression du crédit d’impôt de 7 500 dollars aux Etats-Unis pour l’achat d’une voiture électrique, prévue au 30 septembre, devrait stimuler un peu ses ventes d’ici là, mais leur asséner ensuite un coup de frein, anticipent en outre des experts. Lors de la réunion du groupe, les dirigeants ont alors incité les acheteurs potentiels à passer commande avant fin août pour être sûrs d’être livrés d’ici au couperet.

Conséquence de ce repli des ventes : le chiffre d’affaires a reculé de 12 % sur un an à 22,50 milliards de dollars entre avril et juin et le bénéfice net de 16 % à 1,17 milliard. Dans les échanges électroniques après la fermeture de la Bourse de New York, l’action Tesla chutait également de 4,85 %.

Le spectre des surtaxes douanières

Contrairement aux engagements pris en avril, aucun objectif annuel n’a été divulgué mercredi car «il est difficile de mesurer les impacts d’un commerce mondial changeant et des politiques budgétaires», a fait savoir le groupe. Selon le directeur financier Vaibhav Taneja, les nouveaux droits de douane infligés par Donald Trump aux importations du monde entier ont pesé autour de 300 millions de dollars. «Du fait d’une latence entre production et ventes, l’impact total n’apparaîtra que dans les prochains trimestres», a-t-il précisé, pronostiquant une hausse des coûts «à court terme».

Par ailleurs, Tesla a commencé en juin à fabriquer les premiers exemplaires d’une automobile à bas coût – très attendue, mais dont aucun détail n’a filtré –, et dont la production à grande échelle devrait débuter au second semestre de l’année.

Selon la société de conseil Wedbush, «pour les investisseurs, la grande priorité, ce sont les initiatives en matière d’IA […] et les marchés sont fermement à l’affût de toute indication concernant l’investissement de Tesla dans xAi», startup contrôlée par Elon Musk et qui se veut être un concurrent à l’entreprise OpenAI. A la mi-juillet, l’homme d’affaires avait notamment annoncé qu’un projet d’investissement au capital de xAI allait être soumis à l’Assemblée générale de Tesla, le 6 novembre.

Mis à jour à 16h10 avec la chute de 8% à Wall Street.