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Libération
Contestation

Industrie : le lobby du «made in France» appelle au boycott médiatique de Shein

La marque de certification «Origine France Garantie» appelle ce lundi les rédactions à cesser de parler du géant de l’e-commerce asiatique, qui doit rejoindre le BHV cette semaine.

«Chaque article, chaque reportage, chaque minute d’antenne sur Shein, c’est une publicité gratuite offerte à un modèle fondé sur le dumping social, écologique et fiscal», considère Origine France Garantie. (Jumeau Alexis/ABACA/Jumeau Alexis/ABACA)
Publié aujourd'hui à 11h21

L’association Origine France Garantie, à l’origine du label du même nom, appelle les rédactions françaises à boycotter Shein ce lundi 3 novembre et dénonce l’arrivée du géant asiatique du commerce en ligne dans l’un des étages du BHV Marais. «Ce mercredi 5 novembre, le BHV Marais inaugurera un étage entier de 1 200 m² dédié à Shein. La veille du [Salon du Made in France]. Un symbole glaçant. Une provocation», écrit dans un communiqué la marque de certification.

Pour lutter contre ce concurrent aux prix imbattables, le label Origine France Garantie appelle les médias français à cesser de traiter l’actualité liée à Shein, dont l’«empire repose sur un marketing agressif et la couverture médiatique qui lui sert d’oxygène», selon l’association. «Chaque article, chaque reportage, chaque minute d’antenne sur Shein, c’est une publicité gratuite offerte à un modèle fondé sur le dumping social, écologique et fiscal», considère Origine France Garantie qui «appelle aujourd’hui à un boycott médiatique».

«Shein ne produit pas, il exploite»

Pour justifier cette requête, la marque de certification créée en 2011 pilonne le géant dont le chiffre d’affaires a atteint les 38 milliards de dollars en 2024. «Derrière les prix dérisoires, il y a des ouvrières payées à la pièce jusqu’à dix-huit heures par jour, une pollution massive, des vêtements jetés après quelques usages et des produits contenant des substances chimiques interdites», balance Origine France Garantie. Selon le label, «Shein ne produit pas, il exploite. Il ne crée pas, il copie. Il ne fait pas vivre les territoires, il les tue».

L’enseigne, dont la valorisation est estimée à près de 64 milliards d’euros, est en effet régulièrement contestée pour son modèle aussi efficace que ravageur. Shein s’est imposé ces dernières années comme le leader mondial de l’ultra-fast fashion en proposant notamment de 7 000 à 10 000 nouvelles références sur son site chaque jour.

Multiples scandales

Mais derrière ces chiffres mirobolants, l’impact social et environnemental et les méthodes de vente du géant font polémique. Visé par une proposition de loi contre l’essor de la mode jetable ultra-éphémère, Shein a même écopé cette année en France de trois amendes, d’un total de 191 millions d’euros, pour non-respect de la législation sur les cookies en ligne, fausses promotions, informations trompeuses, et pour ne pas avoir déclaré la présence de microfibres plastiques dans ses produits.

Face à la mauvaise réputation du groupe chinois, son arrivée au BHV a déclenché une vague de contestation. Disneyland Paris a ainsi annulé l’ouverture de sa boutique éphémère et l’installation de ses animations dans les vitrines du Bazar de l’hôtel de ville pour les fêtes de fin d’année. Plus tôt en octobre, une partie des employés du grand magasin s’était mise en grève pour protester contre l’installation de la plateforme chinoise.

Depuis samedi 1er novembre, le site asiatique se trouve en outre au cœur d’un nouveau scandale. La Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a annoncé avoir signalé à la justice la vente de «poupées sexuelles d’apparence enfantine» après avoir constaté leur présence sur la plateforme de vente. Ce lundi, le ministre de l’Economie a menacé d’interdire l’accès à Shein si des objets à caractère pédocriminel étaient de nouveau vendus sur sa plateforme. Une menace dont la mise à exécution serait sans aucun doute soutenue par Origine France Garantie et les fabricants français.