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Défaillances

«J’ai bien peur qu’il y ait beaucoup de licenciements» : les magasins de bijoux Claire’s placés en redressement judiciaire en France

A l’issue d’une période de six mois, le tribunal décidera si un plan de continuation des 250 boutiques françaises de l’enseigne américaine est possible, avec un éventuel repreneur, ou si une liquidation judiciaire doit être prononcée.
Un magasin Claire's au centre commercial les Ateliers Gaité dans le XIVe arrondissement de Paris, le 25 juin 2025. (Riccardo Milani/Hans Lucas)
publié le 28 juillet 2025 à 17h33

Après les liquidations judiciaires en série dans le prêt-à-porter français - Camaïeu, Pimkie, Kookaï ou encore André - la crise s’étend désormais aux magasins de bijoux et d’accessoires. La filiale française de Claire’s, enseigne américaine connue pour ses boucles d’oreilles, ses piercings et ses accessoires à destination des adolescents, a été placée en redressement judiciaire, a annoncé ce lundi 28 juillet l’avocat des représentants du personnel. Une prise de parole qui vient confirmer une information de la radio locale Delta FM diffusée vendredi. La marque comptait début 2024 autour de 250 magasins et 800 employés, selon les derniers comptes publiés.

Le tribunal des activités économiques de Paris a ouvert le 24 juillet dernier une procédure de redressement judiciaire, avec une période d’observation de six mois, selon l’avocat interrogé. A l’issue de cette période d’observation, le tribunal décidera si un plan de continuation est possible, avec un éventuel repreneur, ou si une liquidation judiciaire – synonyme de cessation d’activité – doit être prononcée.

«Ils disent chercher un repreneur […] mais j’ai bien peur qu’il y ait beaucoup de licenciements», a alerté Me Khaled Meziani, avocat des représentants du personnel. Pour sa part, la filiale britannique propriétaire de Claire’s France n’a pas encore réagi à cette annonce.

Maison mère américaine en difficulté

Comme Claire’s, de nombreuses autres marques d’accessoires ou de prêt-à-porter ont été placées en redressement judiciaire en France depuis un an et demi, dont la marque pour adolescentes Jennyfer fin avril, qui a finalement retrouvé un repreneur, permettant de sauver 350 emplois sur 1 000 postes menacés. Beaucoup de marques françaises souffrent notamment de la concurrence de sites asiatiques à très bas prix comme Shein et Temu.

Présente à l’audience, la secrétaire générale de la fédération des services CFDT Véronique Revillod dénonce un manque de clarté dans les données financières de Claire’s France, «qui était encore bénéficiaire l’an dernier», et sur les raisons pour lesquelles l’entreprise a demandé un redressement judiciaire.

Claire’s France avait dégagé 1,3 million d’euros de bénéfice net entre fin 2023 et fin 2024, et 0,8 million sur l’exercice précédent, selon les comptes publiés de la société. Ses ventes avaient toutefois baissé, passant en un an de 142 millions d’euros à 132 millions d’euros, dont 37 millions d’euros en tant que grossiste en Europe pour les autres magasins Claire’s.

La maison mère de l’enseigne aux Etats-Unis est également en difficulté. Les magasins américains s’étaient placés une première fois en 2018 sous la protection de la loi américaine sur les faillites et s’apprêteraient, selon Bloomberg, à le faire de nouveau du fait de l’impact des droits de douane décidés par Trump sur les produits fabriqués en Chine, auxquels recourt massivement Claire’s.