Il n’y a pas de petite bonne nouvelle. Selon l’Insee, la croissance économique de la France a atteint 0,3 % au deuxième trimestre. Cette augmentation modérée du PIB entre avril et juin, dans un contexte national et international très incertain, est supérieure à la prévision de l’Institut national de la statistique : l’organisme tablait sur une hausse de 0,2 %. «C’est vraiment une bonne nouvelle : 0,3, ça veut dire que depuis le début de l’année, on a une croissance légèrement supérieure à 0,5 %», s’est réjoui le ministre de l’Economie et des Finances, Eric Lombard, interviewé sur RTL ce mercredi 30 juillet au matin. La veille, il revenait pour Libération sur les conséquences du «deal» sur les droits de douane américains pour l’économie française, en considérant que «tout bien pesé, cet accord est celui qui aura le moins d’effets négatifs sur notre économie.»
La bonne surprise se confirme aussi pour la zone euro, avec une évolution positive du PIB de 0,1 % sur la même période, selon la première estimation publiée le même jour par l’office européen de statistiques Eurostat. Pour cette zone aussi, les projections étaient moins optimistes et misaient sur une stagnation, au moment où les vingt pays partageant la monnaie unique connaissent des performances inégales – la croissance du Portugal augmente de 0,7 % sur le deuxième trimestre quand l’Allemagne et l’Italie déplorent une baisse de 0,1 %.
Léger rebond de la consommation des ménages
En ce qui concerne la France, comme en début d’année, ce sont les stocks qui ont tiré la croissance avec une contribution positive de 0,5 point, après + 0,7 point au premier trimestre. Ils représentent les biens produits mais pas encore vendus à la fin d’une période donnée : dans le cas présent, des matériels aéronautiques et automobiles.
«Pour le secteur de l’aéronautique, on s’attendait à ce que des avions finalisés soient exportés, mais ils le seront sûrement au trimestre prochain», explique Marie Leclair, responsable du département des comptes nationaux à l’Insee. Si ces avions sont exportés dans les prochains mois, cela «aura un effet neutre sur la croissance car la production a déjà eu lieu», anticipe-t-elle. Quant à l’automobile, si on regarde l’origine de la variation des stocks dans le détail, elle est surtout due «aux entreprises qui investissent, alors que la demande se stabilise du côté des ménages».
Mais les stocks ne sont pas la seule raison de cette hausse : pilier traditionnel de la croissance, la consommation des ménages a légèrement rebondi, de 0,1 %, après un recul de 0,3 % au premier trimestre, portée par une consommation accrue de produits alimentaires (qui comprend le tabac). «L’Insee prévoyait une hausse de cette consommation légèrement supérieure, à hauteur de 0,2 %», temporise Marie Leclair. Sur le mois de juin, les dépenses en biens ont accéléré de + 0,6 % par rapport au mois précédent, après une hausse de 0,1 % en mai, selon les chiffres publiés ce mercredi par l’Insee.
«Météo favorable»
Les ménages ont également consommé davantage de services, tandis que les températures clémentes ont en revanche pesé sur la consommation d’énergie, qui a baissé de 2,4 % (après + 0,8 %). «Ce redressement peut s’expliquer notamment du fait du positionnement des fêtes de Pâques fin avril et d’une météo favorable en avril et mai», a expliqué l’Insee. L’accélération prononcée de la consommation de services, qui émane surtout des touristes étrangers, «a été très dynamique dans les secteurs de l’hébergement et de la restauration et les services de transports», détaille la responsable du département des comptes nationaux.
Sur le seul mois de juin, la consommation d’énergie «a de nouveau augmenté, à + 3,5 % après + 2,1 % en mai», selon les données révisées. Une hausse «portée par les dépenses en électricité après la chute en avril liée aux températures clémentes pour la saison», souligne l’Institut. Les dépenses en produits pétroliers ont rebondi à + 3,7 %, après une chute de 3,1 % en mai, «du fait de l’augmentation de la consommation en carburants».
Reste à savoir quel impact aura l’effort budgétaire de près de 44 milliards d’euros annoncé par le Premier ministre François Bayrou sur les comportements des ménages. «Si ces mesures provoquent une baisse de leurs revenus, cela pourra avoir un impact sur leur épargne et sur leur consommation, et donc sur la croissance», projette Marie Leclair.
Contexte international compliqué
Du côté des dépenses en biens fabriqués, toujours en juin, elles se sont redressées, à + 0,5 %, après -0,4 % en mai, «principalement en raison du rebond des achats de biens durables (+ 1,1 %, après -0,8 % en mai)». Enfin, les dépenses en biens alimentaires ont à nouveau reculé, de 0,9 % après -0,3 % en mai, «du fait de la nouvelle baisse de la consommation de produits agroalimentaires». La consommation de tabac s’est repliée «modérément».
En avril et juin, les investissements se sont enfoncés dans le rouge (-0,3 % après -0,1 %), pénalisés notamment par la construction. Dans un environnement marqué par la guerre commerciale initiée par les Etats-Unis en avril, la contribution du commerce extérieur à la croissance est restée négative, de -0,2 point après -0,5 point, le léger rebond des exportations ayant été contrebalancé par une accélération des importations.