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Le tarif de l’électricité se stabilise avant une baisse prévue pour février

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
La commission de régulation de l’énergie a décidé ce mercredi 11 septembre de reporter la revalorisation d’une des composantes de la facture de la majorité des clients pour le mois de février.
Le gouvernement démissionnaire a décidé de ne pas appliquer une hausse prévue initialement pour le 1er août, pour éviter un effet «yo-yo» avec une baisse six mois plus tard. (Mathieu Thomasset/Hans Lucas via AFP)
publié le 11 septembre 2024 à 19h30

Après plusieurs hausses et à l’approche d’une baisse automnale des températures, des millions d’abonnés à l’électricité vont pouvoir souffler : le gendarme de l’énergie a annoncé ce mercredi 11 septembre sa décision de reporter la revalorisation d’une des composantes de la facture de la majorité des clients à février. C’est à partir de cette période que les cours de l’électricité devraient fortement baisser.

L’augmentation du «tarif réseau», lié aux coûts d’acheminement, sera appliquée seulement à partir du 1er février. Cette hausse, qui représente une augmentation de 1 % sur la facture pour les abonnés au «tarif bleu d’EDF» (tarif réglementé), sera alors absorbée par le repli attendu des cours de l’électricité.

Au final, les ménages concernés pourraient bénéficier d’une baisse de leur facture d’«au moins 10 %», a indiqué la Commission de régulation de l’énergie (CRE) dans une délibération qui s’est tenue ce mercredi.

Eviter l’effet «yo-yo»

La hausse, liée à une revalorisation de 4,8 % du «tarif réseau» (TURPE), était initialement prévue au 1er août. Mais le gouvernement démissionnaire a décidé de ne pas l’appliquer, une façon d’éviter un «yo-yo» des prix incompréhensible pour les consommateurs, avait justifié mi-juillet Bercy, en s’évitant au passage une nouvelle polémique, en pleine crise politique.

Au plus haut en 2021-2022 du fait de la reprise post-Covid et de la guerre en Ukraine, les prix de l’énergie ont en effet largement agité les débats des élections européennes et législatives. Sur deux ans, ceux de l’électricité ont bondi de plus de 43 % malgré le bouclier tarifaire mis en place par l’Etat. Le gouvernement avait donc demandé à la Commission de régulation de l’énergie de prendre une nouvelle délibération tenant mieux compte de ses recommandations de stabilité.

Celle-ci maintient «l’actualisation annuelle» du TURPE (tarif d’utilisation des réseaux publics d’électricité), l’une des trois briques de la facture à côté du coût du courant lui-même et des taxes, pour une entrée en vigueur au 1er novembre. Mais, «dans un objectif de stabilité et de lisibilité des prix», pour les ménages et TPE aux tarifs réglementés de vente de l’électricité (TRVE) - soit 22,4 millions de compteurs - la CRE propose de reporter cette hausse du TURPE au 1er février, date de révision habituelle du TRVE.

Une économie de 200 euros sur la facture annuelle

Quel est le but du report ? Rendre la hausse indolore, grâce au recul des cours de l’électricité qui entrent dans le calcul de la facture. Même s’ils n’ont pas encore retrouvé leur niveau d’avant crise (40 /50 euros du mégawattheure), ces prix sur les marchés se stabilisent aujourd’hui autour de 60-70 euros du MWh, loin des sommets de 2022, a tenu à faire savoir la CRE. Ainsi, la CRE anticipe «dans les conditions de marché et de fiscalité actuelles une baisse d’au moins 10 % des TRVE en février 2025», une première depuis le début de la crise énergétique.

Cette baisse inclurait donc la hausse du TURPE et le relèvement de l’accise sur l’électricité, une taxe que le gouvernement démissionnaire a promis de rétablir au maximum pour sortir définitivement du coûteux bouclier tarifaire. En juin, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire avait assuré : «La facture d’électricité de chaque Français baissera de 10 à 15 % en février 2025». Concrètement, dès février, pour un ménage moyen avec une facture annuelle de 2 000 euros, l’économie est estimée à au moins 200 euros par an, une bouffée d’oxygène qui s’ajoute au recul des prix des carburants.

Reste néanmoins que la hausse du TURPE sera, elle, bien applicable au 1er novembre pour les 17,5 millions de ménages et entreprises en offres de marché (indexées sur les marchés). En théorie, car les opérateurs peuvent aussi décider de ne pas la répercuter. «Il n’est pas exclu que très peu le fassent», a précisé la CRE à l’AFP. Ces fournisseurs proposent déjà aujourd’hui des offres très inférieures au TRVE, d’environ 20 %. Dans sa délibération du 26 juin, la CRE préconisait d’augmenter de 4,8 % le «tarif réseau», revu chaque année en août, pour tenir compte de la hausse des coûts d’acheminement du gestionnaire de la distribution Enedis, sorte de péage payé par les fournisseurs et répercuté aux particuliers et professionnels. Une actualisation «nécessaire» répète la CRE, alors que la France va devoir utiliser davantage d’électricité pour sortir des énergies fossiles.