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Libération
En berne

Luxe : LVMH annonce un bénéfice net en baisse de 22% au premier semestre 2025

Sur fond de ralentissement dans le secteur du luxe, le groupe de Bernard Arnault, numéro 1 mondial, voit ses bénéfices et son chiffre d’affaires des six premiers mois baisser par rapport à l’année précédente.
Les ventes de LVMH ont reculé de 4 % au premier semestre 2025. (Gonzalo Fuentes/Reuters)
publié le 24 juillet 2025 à 19h10

Le communiqué de presse a beau saluer «des résultats solides», l’ambiance ne doit pas être à la fête du côté de l’avenue Montaigne, siège de LVMH (Louis Vuitton, Dior, Celine, Moët Hennessy). Le français, premier groupe mondial de luxe, a publié ce jeudi 24 juillet ses chiffres du premier semestre 2025. Et ceux-ci sont mauvais : le résultat net (5,7 milliards d’euros) est en chute de 22 % par rapport à l’année dernière. Les ventes, elles, ont reculé de 4 % sur les six premiers mois de l’année, à 39,8 milliards d’euros.

«LVMH fait preuve d’une bonne résistance et poursuit sa forte dynamique d’innovation malgré un contexte géopolitique et économique perturbé», euphémise le communiqué. De son côté, le milliardaire Bernard Arnault, PDG du groupe, estime que son entreprise «fait preuve de solidité dans le contexte actuel», tout en disant aborder «la seconde partie de l’année avec une grande vigilance».

Mauvaises performances en mode et maroquinerie

Ces mauvais chiffres sont en grande partie attribuables aux performances de la division mode et maroquinerie. Chez LVMH, cette activité, qui comprend les marques Louis Vuitton et Dior, représentait 48 % du volume des ventes et 78 % des bénéfices en 2024. Au premier semestre de cette année, le chiffre d’affaires de cette division chute de 8 % et les bénéfices de 18 %, laissant entrevoir une baisse significative des marges.

Dans le Figaro, ce jeudi soir, Bernard Arnault est donc obligé de faire le SAV pour rassurer tout le monde. Le détenteur de la deuxième fortune de France selon le classement Challenges - il a récemment été dépassé par la famille Hermès - se dit «très optimiste à moyen terme» même si dans l’immédiat, il concède «affronter des vents de face». «Nous avons vécu à plusieurs reprises ces situations par le passé. Elles ne devraient pas durer plus que d’habitude, soit un an et demi ou deux ans», prédit-il.

Au début de l’année, LVMH avait déjà annoncé un bénéfice net en baisse de 14 % pour l’année 2024. Son action en Bourse a perdu 26% depuis le 1er janvier.

Ralentissement de la demande venue de Chine

Le secteur du luxe, dont les trois champions français sont LVMH, Hermès et Kering, connaît une période difficile au niveau mondial. Triomphant après les années Covid, le marché mondial des biens personnels de luxe pèse 363 milliards d’euros. Un chiffre qui a reculé pour la première fois en quinze ans en 2024 (-2 %), hors période de pandémie, selon le cabinet de conseil Bain & Company.

En cause, le fort ralentissement de la demande venue de Chine, qui était ces dernières années un moteur, mais aussi l’attentisme du marché aux Etats-Unis, suspendu aux potentielles décisions sur les droits de douane de Donald Trump. Sur la menace brandie par Trump de les rehausser de 50% sur les produits européens, Bernard Arnault a estimé, toujours dans le Figaro, qu’il était «indispensable» que l’Union européenne trouve «un accord amiable» avec les Etats-Unis: «Nous ne pouvons pas nous permettre de nous brouiller avec les États-Unis.»

Outre ces facteurs très économiques, le luxe doit aussi faire face à d’autres défis. Ces derniers temps, les consommateurs, notamment sur les réseaux sociaux, questionnent la légitimité des prix et la qualité des produits vendus par les grandes marques. De fait, selon le cabinet McKinsey, entre 2019 et 2023, les grandes marques ont essentiellement tiré leur croissance insolente de l’augmentation démultipliée des prix.

Ces critiques ont en partie été alimentées par plusieurs scandales qui ont secoué les prestigieuses maisons Armani, Dior ou plus récemment Valentino (propriété de la famille princière du Qatar) et Loro Piana (LVMH). A chaque fois, il est reproché aux grands groupes d’avoir été négligents et d’avoir permis du travail s’apparentant parfois à de l’esclavage chez leurs sous-traitants italiens.

Mis à jour à 19h25 avec l’interview de Bernard Arnault dans le Figaro.