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Inarrêtables

Microplastiques : même les bouteilles en verre n’y échappent pas

Une étude de l’Anses établit que la peinture présente sur les capsules fermant les contenants se disperse dans les boissons dans des quantités parfois plus élevées que celles présentes dans les bouteilles en plastique.
Les capsules sont à l'origine d'une présence inattendue de microplastiques dans les boissons contenues dans du verre. (Angelique Le Goupil/Saif images)
publié le 20 juin 2025 à 13h12

Les microplastiques sont partout, y compris dans les contenants supposés les limiter. C’est la conclusion tirée d’une étude diffusée par l’Anses avec la région Hauts-de-France, vendredi 20 juin. Selon ces travaux, publiés plus tôt dans la Journal of Food Composition and analysis, et portant sur la recherche de microplastiques dans les boissons vendues en France quel qu’en soit le contenant, on trouve donc plus de microplastiques dans les bières, soda, thé glacé et autres boissons vendues dans les bouteilles en verre que dans les bouteilles... en plastique.

Les travaux ont permis d’y détecter la présence d’une centaine de particules de microplastiques par litre en moyenne, des niveaux de contamination cinq à cinquante fois supérieurs à ceux des bouteilles en plastique ou des canettes. «Nous nous attendions à un résultat inverse», explique à l’AFP la doctorante Iseline Chaïb, qui a mené ces travaux au sein du laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais).

La peinture et le stockage des capsules en question

Cette profusion a une origine : les capsules des bouteilles. «Nous avons alors remarqué que dans le verre, les particules qui ressortaient des échantillons étaient de la même forme, de la même couleur et de la même composition polymérique, donc du même plastique, que la peinture extérieure des capsules qui ferment ces bouteilles en verre», poursuit la chercheuse.

Facteur aggravant pour la dispersion des microplastiques : la peinture des opercules «comporte des mini-éraflures, invisibles à l’œil nu, probablement dues aux frottements entre les capsules lorsqu’elles sont stockées avant leur utilisation», a constaté l’équipe de chercheurs, qui estime que cela «pourrait libérer des particules à la surface des capsules».

Dans le détail, les bouteilles d’eau comportent une quantité de microplastiques «relativement faible quel que soit son contenant, avec en moyenne 4,5 particules par litre dans les bouteilles en verre et 1,6 particule dans les bouteilles en plastiques ou les briques», détaille l’Anses. Les bouteilles de vin n’échappent pas davantage aux particules, y compris lorsqu’elles sont fermées avec un bouchon, relève l’étude.

Nettoyage artisanal et changement de peinture

Plus touchées, les bouteilles de colas analysées contiennent une trentaine de particules, celles de limonades une quarantaine et les bières, enfin, en présentent environ 80. En l’absence de données toxicologiques de référence, l’Anses n’a pas pu dire si les quantités de microplastiques trouvées présentent ou non un risque pour la santé.

L’Anses ne se contente toutefois pas de rapporter la mauvaise surprise. L’agence a pu tester en laboratoire une alternative que les industriels pourraient s’approprier sans difficulté : un nettoyage artisanal fondé sur du soufflage d’air, un rinçage avec de l’eau filtrée et de l’alcool qui a fait diminuer les quantités de microplastiques de 60%.

Pour limiter les microplastiques et leur dispersion, l’Anses recommande également de revoir la composition des peintures utilisées pour les capsules et de changer leurs conditions de stockage «avant leur utilisation pour éviter les frottements».