Durant un mois de mai particulièrement pluvieux, les fraises ont tardé à mûrir et se sont faites très rares sur les étals et les rayons des grandes surfaces. Et très chères, loi de l’offre et de la demande oblige. Mais depuis début du mois de juin, avec le retour du soleil sur l’Hexagone, la saison bat son plein pour toutes les variétés. Les gariguettes, Ciflorette ou Cléry mûrissent à un rythme soutenu. Trop soutenu même pour l’Association d’organisations de producteurs nationale (AOPN) de fraises et framboises de France, qui lance dans un communiqué publié le 6 juin, «un appel urgent à la grande et moyenne surface (GMS) pour qu’elle laisse de la place aux fraises françaises dans les magasins». Il faut vite écouler ce fruit fragile qui doit être consommé très rapidement après sa cueillette.
«Toutes les fraises vont arriver à maturité en même temps en raison du retour du soleil. Nous allons donc nous retrouver avec des volumes plus importants comparés à ce que l’on a normalement à cette période. On parle de près de 500 tonnes de fraises gariguette produites au niveau national sur la semaine. Et encore davantage la semaine prochaine», insiste la directrice de l’AOPN, auprès de Libération. Les fraises gariguette du Sud-Ouest et les Cléry du Sud-Ouest sont particulièrement abondantes, précise-t-elle. Toutefois, malgré ce qui apparaît comme une bonne nouvelle, Emeline Vanespen appréhende de ne pas trouver preneur, et de se retrouver avec des tonnes de fruits sur les bras. «A partir du mois de juin, les consommateurs se lassent de la fraise, fruit du printemps. Ils se tournent davantage vers les fruits à noyaux et les fruits d’été, comme les pêches ou les abricots, qui commencent à prendre de plus en plus de place sur les étals», explique-t-elle.
Le prix de la barquette en baisse
Pour rendre ce fruit rouge plus attractif, les producteurs ont baissé leurs prix de 20 % par rapport à la semaine précédente, explique la directrice de l’AOPN. La gariguette à la production se vend aujourd’hui entre 6 et 9 euros le kilo, et entre 5 et 6 euros le kilo pour la fraise ronde. «Mais il y a toujours un temps de latence avant que la grande distribution baisse ses prix à son tour», concède-t-elle.
Les grandes surfaces ont pris conscience du risque. De son côté, Auchan a déclenché «une offre promotionnelle sur les fraises afin de soutenir les producteurs», qui se sont directement adressés à l’enseigne en raison de «volumes très importants» de fruits à écouler. Même mise en avant de ce fruit rouge chez Carrefour. «Ça fait déjà quelques semaines que l’on pousse la fraise française dans nos rayons, après l’appel de nos producteurs qui nous alertent sur les volumes disponibles et ceux qu’ils anticipent. On va continuer de le faire dans les prochaines semaines», explique François Vincent, directeur France des produits frais pour Carrefour. Et d’ajouter que ces opérations visent à contrer ce «double effet causé par la consommation atone de la fraise au mois de mai à cause d’une mauvaise météo, et une hausse de la production soudaine début juin».
«En dernier recours, les opérateurs enverront leurs fraises en congélation, là où le prix est fixé à 1 euro le kilo. Mais ce n’est pas notre objectif premier, car les maraîchers n’ont pas effectué la majorité de leurs rendements», conclut Emeline Vanespen qui espère aider les producteurs à traverser cette période «cruciale» pour la pérennité de la filière fraise française, qui produit quelque 60 000 tonnes par an.