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Libération
Ultra-fast fashion

Shein annonce l’ouverture de magasins permanents en France, une première au monde

Le géant chinois de l’habillement, très décrié, a annoncé ce mercredi 1er octobre avoir choisi l’Hexagone pour ouvrir ses premiers magasins physiques pérennes dans le monde en novembre.

Un magasin éphémère Shein à Londres, le 24 septembre 2025. (Isabel Infantes/REUTERS)
Publié le 01/10/2025 à 17h26, mis à jour le 01/10/2025 à 18h42

De l’ultra-fast fashion en vente dans l’un des plus prestigieux grands magasins parisiens. Le géant asiatique de la mode éphémère Shein a annoncé ce mercredi 1er octobre avoir choisi la France pour ouvrir ses premiers magasins physiques pérennes, une première mondiale pour l’enseigne, sous le coup des critiques pour ses prix extrêmement bas, la profusion des références et son marketing ultra-agressif.

Six boutiques devraient ouvrir «à partir de novembre», d’abord au sein du BHV Marais à Paris puis cinq autres «progressivement» dans des Galeries Lafayette sous franchise à Dijon, Reims, Grenoble, Angers et Limoges, selon un communiqué publié mercredi. Shein s’est alliée pour ce faire avec la Société des Grands Magasins (SGM), une foncière commerciale qui détient et exploite notamment le BHV Marais et des magasins Galeries Lafayette. Shein - qui emploie 16 000 personnes dans le monde et a réalisé 23 milliards de dollars (20 milliards d’euros) de chiffre d’affaires en 2022 - promet «la création de 200 emplois directs et indirects en France au sein de SGM». Mercredi soir, les Galeries Lafayette ont affirmé «refuser l’installation» de Shein dans les magasins franchisés en province. «Les Galeries Lafayette tiennent à exprimer leur profond désaccord avec cette décision (de SGM) au regard du positionnement et des pratiques de cette marque d’ultra-fast fashion qui est en contradiction avec leur offre et leurs valeurs», selon un communiqué.

Visé par la loi contre la fast-fashion

Fondé en Chine en 2012 et désormais basé à Singapour, Shein est accusé de pollution environnementale en raison des volumes colossaux mis sur le marché et soupçonné de conditions de travail indignes – en raison de ses approvisionnements, principalement de Chine -. Visée par la loi contre la mode ultra-éphémère et ayant récemment écopée d’amendes colossales en France, Shein continue de s’attirer les foudres des autorités et des commerçants, du secteur textile à la grande distribution.

Avec un cynisme certain, Shein a assuré que les ouvertures prochaines participaient d’un «engagement pour revitaliser les centres-villes, restaurer les grands magasins et développer des opportunités pour le prêt-à-porter français», détournant les accusations formulées à son égard par les fédérations du textile, qui l’accusent de porter atteinte à ce secteur, notamment depuis son partenariat avec la marque Pimkie, qualifié de «déshonneur».

Le secteur reproche au mastodonte de créer une concurrence déloyale vis-à-vis des entreprises du Vieux continent en ne respectant pas les normes européennes en matière d’environnement, de droits sociaux, de sécurité du consommateur alors qu’elles y sont assujetties. Et de profiter d’une mesure européenne exemptant de droits de douane les petits colis, ce qui permet à Shein d’envoyer à peu de frais ses produits et complique le travail des douanes en matière de contrôle.

Le président de SGM, Frédéric Merlin, lui, a affirmé ne pas mettre «les clients dans des cases: un même consommateur peut acheter une pièce Shein et, le même jour, un sac de marque. C’est cette liberté, ce mélange des genres, qui fait la richesse et l’avenir du grand magasin», a-t-il déclaré dans le communiqué de presse mercredi.

Mise à jour à 18h40 : ajout de la réaction des Galeries Lafayette et de la citation de Frédéric Merlin.