Que ceux qui font les courses avec leur carte resto ou leurs tickets se rassurent : ils devraient pouvoir continuer de les utiliser pour payer leurs pâtes, œufs et légumes au-delà du 31 décembre. Selon une information de RMC, le gouvernement devrait maintenir, pour au moins un an supplémentaire, la mesure dérogatoire qui permet d’acheter en grande surface des produits non directement consommables. L’exécutif réfléchirait même à pérenniser le dispositif, toujours selon nos confrères, et devrait trancher «dans les jours à venir».
Si elle est officialisée, la nouvelle aura de quoi réjouir les quelque 5,4 millions de salariés bénéficiaires : dans une enquête publiée en mars dernier par la Commission nationale des titres-restaurant, les personnes interrogées s’étaient dites, dans leur quasi-totalité (96 %) favorables au maintien de cette possibilité. La décision d’élargir l’utilisation des titres-restaurant avait été prise par le gouvernement en 2022 face à l’inflation galopante et son poids dans le pouvoir d’achat. Les consommateurs pouvaient donc continuer d’acheter avec leurs titres des produits immédiatement consommables (sandwichs, salades…) mais aussi ceux qui nécessitent une préparation – faire bouillir une casserole pour y plonger ses pâtes, par exemple. Moyennant un plafond de 25 euros par jour.
Grogne des restaurateurs
La mesure était censée être temporaire, mais elle a déjà été prolongée deux fois. Au grand dam des restaurateurs, qui dénoncent une concurrence déloyale. Leur principal syndicat, l’Union des métiers des industries de l’hôtellerie, s’est même fendu d’un communiqué ce mercredi 9 octobre : il enjoint l’exécutif à recentrer le dispositif pour «sauvegarder» leur secteur «déjà fortement touché par les crises successives». «[Cette mesure] a largement favorisé les grandes et moyennes surfaces au détriment des commerces de proximité», déplore l’organisation en pointant «un manque à gagner de 576 millions d’euros pour les restaurateurs et un transfert d’activité de 756 millions d’euros» au profit des grandes surfaces. Toujours selon l’enquête de la CNTR, un salarié utilise en moyenne, par mois, 36 % de ses titres-restaurant dans les supermarchés (et 34 % dans les restaurants, hors commerces alimentaires type boulangeries).
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Principal argument du syndicat pour revenir à l’ancien système : l’inflation repassée sous la barre des 2 %. «L’inflation a ralenti, mais les prix, sauf exception, n’ont pas baissé», rétorque une source ministérielle interrogée par le Parisien. Le dispositif n’a pas vocation à soutenir la restauration, mais de soutenir les Français, notamment financièrement, dans le cadre de leur travail.»
Cette probable prolongation pourrait s’accompagner, par la suite, de réflexions sur une réforme plus large du ticket resto. L’idée d’un double plafond progresse – l’ancien gouvernement planchait déjà dessus. Elle consisterait à maintenir le plafond de 25 euros pour les dépenses dans les boulangeries et restaurants, et en instaurer un second, moins important, pour les supermarchés.