La menace semble ridiculement monstrueuse. Donald Trump a déclaré ce jeudi 13 mars qu’il envisage d’imposer des droits de douane à 200 % sur les champagnes, vins et autres alcools produits par la France et l’Union européenne si les nouveaux tarifs douaniers de l’UE de 50 % sur le whisky américain ne sont pas retirés.
«Si ces droits de douane ne sont pas retirés immédiatement, les Etats-Unis vont rapidement imposer des droits de douane de 200 % sur tous les vins, champagnes et produits alcoolisés venant de France et d’autre pays de l’UE», a écrit le président américain sur son réseau Truth Social. Il en a profité pour accuser, à nouveau, le bloc européen d’avoir «été créé dans le seul but de profiter des Etats-Unis». «Nous ne plierons pas», a-t-il poursuivi plus tard dans la journée depuis la Maison Blanche.
«On ne peut pas se laisser terrasser par des menaces de cet ordre»
Le ministre du Commerce extérieur français Laurent Saint-Martin a réagi peu après, assurant que la France restait «déterminée à riposter». «Nous ne céderons pas aux menaces et protègerons toujours nos filières», a-t-il assuré dans un message sur X, déplorant la «surenchère» de Donald Trump dans «la guerre commerciale qu’il a choisi de déclencher». Dans la soirée, le Premier ministre François Bayrou a également fait part de sa détermination à riposter : «On ne peut pas se laisser terrasser par des menaces de cet ordre.»
Les exportateurs de vins et spiritueux français ont violemment réagi à l’annonce du président américain. «Cela vient confirmer ce que l’on craignait : en avançant des dispositions de ce genre (sur le bourbon américain, NDLR), on se mettait dans la cible directe du président des Etats-Unis», a estimé Nicolas Ozanam, le directeur général de leur fédération (FEVS). «On en a assez d’être sacrifié systématiquement pour des sujets sans rapport avec les nôtres», a-t-il souligné, demandant à ce «que la Commission européenne fasse preuve de réalisme». «Ce cycle de représailles doit cesser immédiatement. L’Union européenne et les Etats-Unis doivent dès à présent désamorcer ce différend», a réagi de son côté Spirits Europe, le lobby européen du secteur.
L’annonce de la Commission européenne sur des droits de douane de représailles «forts mais proportionnés» sur une série de produits importés des Etats-Unis a inquiété les producteurs européens de spiritueux. Ils ont dans la foulée appelé l’UE et les Etats-Unis à laisser leur secteur «hors de leurs différends», une demande visiblement pas entendue par la Maison Blanche.
Spirits Europe, le lobby européen de la filière, s’était dit, avant l’annonce de jeudi par Donald Trump, «profondément déçu» et «extrêmement préoccupé» de voir les droits européens sur les spiritueux américains relevés «dans le cadre d’une guerre sur l’acier et l’aluminium, sans lien» avec ce secteur. «Cette annonce arrive à un moment particulièrement difficile pour le secteur des spiritueux, dans un contexte de tensions géopolitiques et de ralentissement sur de nombreux marchés clés», soulignait l’organisation dans un communiqué.
L’Europe jusqu’ici épargnée
Un accord transatlantique datant de 1997 avait éliminé des barrières douanières. Cela avait permis, selon le groupement, une croissance des échanges de 450 % jusqu’en 2018, quand la précédente administration Trump avait lancé sa première guerre commerciale.
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Les Etats-Unis représentent le premier marché à l’international du secteur. Les ventes françaises y ont progressé de 5 % en 2024, atteignant 3,8 milliards d’euros, avec notamment des exportations de vins et de cognac, selon la Fédération française des exportateurs de vins et spiritueux.
Les spiritueux ont déjà été freinés en 2024 par les conséquences de l’enquête anti-dumping déclenchée par la Chine à l’encontre des eaux-de-vie de vin produits dans l’UE, dont le cognac et l’armagnac. Ces rétorsions commerciales ont entraîné une baisse de 25 % des exportations vers la zone Chine /Hong-Kong /Singapour.
Mis à jour : à 20h30 avec les déclarations de François Bayrou.