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Crise sanitaire

Covid-19: comment les compagnies de transports se préparent à l’interdiction de manger

Durant trois semaines, les voyageurs ne pourront pas se restaurer ni boire à bord des trains, des avions, des métros et des tramways. En revanche, le trafic ne devrait pas être revu à la baisse.
Dans le train Libourne-Bergerac, le 18 mai 2021. A la SNCF, chez Air France et à la RATP, on s’est creusé la tête pour mettre concrètement en application les décisions gouvernementales. (Alban Dejong/Libération)
publié le 3 janvier 2022 à 8h33

De l’art de savoir lire entre les lignes et d’interpréter les décrets. Notamment celui du 1er janvier qui indique : «Dans les transports, la vente et le service pour consommation à bord d’aliments et de boissons sont interdits lors des trajets au sein du territoire métropolitain.» Cette restriction est applicable jusqu’au 23 janvier. A la SNCF, chez Air France et à la RATP, on s’est donc un peu creusé la tête pour mettre concrètement en application les décisions gouvernementales. Ainsi, la compagnie aérienne nationale ne proposera plus de boissons ni de nourriture sur ses vols intérieurs. Les hôtesses et stewards devront également veiller, outre le port du masque, à ce qu’aucun passager ne sorte de sa poche de quoi grignoter. Ironie de la géographie : il sera donc interdit de consommer à bord d’un Paris-Nice (1 h 25 de vol) mais possible de se restaurer sur un Paris-Amsterdam (1 h 20).

Même régime sec à la SNCF sur tous types de trajet avec une notion désormais devenue omniprésente dans l’entreprise ferroviaire : le discernement. En clair, pas question de descendre un paquet de chips masque baissé durant un Paris-Marseille. En revanche, pas d’interdiction pour une personne âgée ou un enfant de se désaltérer pendant le voyage. Là, ce sont les contrôleurs qui assureront le respect de ces mesures avec la possibilité de dresser un PV de 135 euros, comme pour le non-respect du port du masque.

Les trains internationaux – Thalys vers Bruxelles et Amsterdam ainsi qu’Eurostar vers Londres – ne sont pas concernés. L’interdiction de consommer est également valable dans les transports urbains. La RATP prévoit de lancer une campagne de communication en la matière et ses 1 000 agents de sécurité seront sur le pont, en surface et dans les couloirs du métro.

Risque du manque de conducteurs

Côté trafic, omicron ne devrait pas, pour l’heure, bouleverser la fréquence des différents modes de transport. Ile-de-France Mobilités, l’autorité qui organise les déplacements en région parisienne, annonce 98% de l’offre de trains, bus et métros ces derniers jours, ce qui correspond à 80% du service tel qu’il était assuré avant le début de la crise sanitaire, en mars 2020. Les lignes A et B du RER – respectivement 1,2 et 1 million de passagers par jour – sont annoncées comme opérationnelles à 100%.

La question est désormais de savoir si les nouvelles obligations des entreprises en matière de télétravail (trois jours par semaine lorsque le poste le permet) réduiront sensiblement la fréquentation. Ce qui pourrait arranger la SNCF, comme la RATP, toutes deux confrontées au risque de manquer de conducteurs, s’ils sont testés positifs ou cas contacts. Pour l’heure, difficile de savoir la proportion de personnels touchée par le Covid. «Il n’y a pas de consolidation des arrêts maladies au niveau du groupe SNCF», constate Thomas Cavel, secrétaire national de la CFDT cheminots. Fabien Dumas, élu Sud Rail, s’inquiète, lui, de la disponibilité d’un certain nombre de contrôleurs et de conducteurs non-vaccinés qui, jusqu’à présent, effectuaient leur service en présentant un test négatif : «Pour eux, l’obtention d’un schéma vaccinal complet va prendre un certain temps», dit-il.

Dans le transport aérien, Air France, qui n’est qu’à 79% de son activité au regard de 2019, ne devrait pas pâtir d’un manque d’équipages. Toutefois, les effectifs de «réserve», mobilisés pour remplacer au pied levé des personnels défaillants, ont été doublés. Les compagnies aériennes vont cependant faire face à une mobilisation contre le pass vaccinal. Un collectif de navigants, dans une lettre du 29 décembre, s’y oppose fermement, évoquant «un odieux chantage menaçant directement [nos] emplois». Une turbulence supplémentaire pour un secteur d’activité bien secoué par la crise sanitaire.