On commence à y voir un peu plus clair sur la violente crise économique causée par le Covid-19. Ce lundi, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) publie une étude sur l’impact de la pandémie sur les recettes fiscales. Un impact conséquent, puisque la crise sanitaire les a fait diminuer dans les deux tiers des pays étudiés, ce qui a eu pour conséquence de voir les comptes publics «fortement détériorés», même si les situations varient en fonction des pays.
Les recettes fiscales ont d’abord reculé en moyenne de 2,1% entre 2019 et 2020. Une baisse qui s’explique autant par des mesures d’accompagnement mises en œuvre – comme le report ou des réductions d’impôts – que par la contraction de l’économie (2,1% en moins sur la même période, toujours au sein de l’OCDE). En France, elles sont passées de 1 225 milliards à 1 192 milliards d’euros entre 2019 et 2020. «Toutefois, les mesures de soutien public ont peut-être eu un effet indirect positif sur les recettes dans la mesure où elles ont contribué à endiguer les destructions d’emplois et les fermetures d’entreprises», précise le rapport. «Au niveau mondial, ajoute l’OCDE, ces mesures se sont chiffrées à 13 800 milliards de dollars en 2020, dont 7 800 milliards représentaient des dépenses supplémentaires ou un manque à gagner et 6 000 milliards des injections de liquidité, des prêts, des rachats d’actifs ou des dettes, des garanties et des opérations quasi budgétaires.»
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Parmi ces mesures, certaines ont été utilisées par les trois quarts des 27 pays étudiés : report de paiement de la TVA, des impôts sur le revenu ou sur les sociétés, incitations fiscales en faveur de l’investissement, baisse du taux applicable aux articles médicaux… Les recettes qui proviennent de l’impôt sur les sociétés sont d’ailleurs celles qui ont, de loin, le plus reculé (-12,1 % en moyenne) entre 2019 et 2020. Au contraire, celles émanant de l’impôt sur le revenu ont progressé en valeur nominale de 1,4%, portées en particulier par le quartile supérieur (hausse de 3,5%). Les recettes provenant de la TVA, elles, ont baissé de 4,6%, notamment à cause d’un recul de la consommation, en particulier sur les produits de luxe.
Côté entreprises, certains Etats ont été plus zélés que d’autres. «Quelques pays ont poursuivi leur programme de baisse du taux légal d’imposition (Colombie et France), tandis que d’autres ont instauré des réductions de taux ciblées pour les petites entreprises (Chili et Hongrie)», précise l’OCDE, qui ajoute : «Plusieurs pays ont mis en place des dispositions visant à améliorer la liquidité des entreprises, y compris des mesures fiscales destinées à alléger les charges locatives en Corée, Espagne, France et Italie.» La France a ainsi été plus généreuse que la moyenne dans ses aides aux entreprises, en application du «Quoiqu’il en coûte» promu par Emmanuel Macron.
De manière générale, la crise a donc durement frappé les recettes fiscales ainsi que le PIB de la majorité des pays de l’OCDE. Malgré tout, le rapport montre que cet impact a été bien moindre que celui de la crise financière de 2008. Les recettes fiscales ont baissé de 5,3% entre 2008 et 2009 contre 2,1% entre 2019 et 2020 et le PIB : respectivement en retrait de 2,7% et 2,1%. Ce qui a eu pour conséquence de voir le ratio impôts/PIB reculer de 0,7% lors de la crise des subprimes alors qu’il a augmenté de 0,1% l’an dernier. Ce dernier s’établit d’ailleurs à 33,5% dans l’OCDE. Seul le Danemark (46,5%), dépasse la France (45,4%) en termes de ratio impôts/PIB, même si cette statistique est sujette à interprétation politique. Les libéraux l’invoquent pour justifier une «pression fiscale» qui aurait cours en France mais ces impôts comportent du «salaire différé», au-delà de la solidarité nationale qui vise à réduire les inégalités sociales. Une logique qui a d’ailleurs été efficace pendant la crise du Covid puisqu’une partie des recettes fiscales a été transformée en aides publiques pour les entreprises et la population, ce qui a permis, reconnaît l’OCDE, de limiter la casse sociale et in fine économique. Et ainsi éviter la déflagration de 2008.