Menu
Libération
Analyse

Crise agricole : souveraineté, fierté, dignité…  Gabriel Attal veut couper l’herbe sous le pied du RN

Article réservé aux abonnés
En annonçant des mesures protectionnistes et symboliques, le Premier ministre veut profiter de la crise agricole pour s’emparer de thèmes sur lesquels l’extrême droite prospère.
Près de Rennes, le 25 janvier. (Quentin Bonadé-Vernault/Hans Lucas pour Libération)
publié le 2 février 2024 à 7h55

«Identité», «fierté», «souveraineté», «dignité»… Gabriel Attal n’a pas lésiné, pour démontrer qu’il défend les agriculteurs, sur les mots qui terminent en «té», histoire de ne pas laisser l’extrême droite s’en gargariser. Message général : haro sur une Europe du «laisser-faire», quand il faut privilégier la «protection et la souveraineté» des Français et de leurs agriculteurs. Pour commencer, le Premier ministre a posé des gestes symboliques, bardés de grands principes. Il compte d’abord inscrire l’objectif de «souveraineté alimentaire» dans la loi, sur la base d’«indicateurs clairs» – qui restent à inventer. Un pourcentage «clair» de légumes français dans nos assiettes ? L’ambition affichée va plus loin : «Souveraineté pour cultiver, pour récolter, nous alimenter.»

Mieux encore, Gabriel Attal veut consacrer dans le code rural l’agriculture comme «intérêt fondamental de la nation». Même la mesure annoncée sur la viande de synthèse a un petit arrière-goût nationaliste, puisqu’il s’agit d’en modifier la dénomination car «elle ne correspond pas à notre conception de l’alimentation à la française». Sans oublier les étiquettes «origine France», apposées à mauvais escient, malgré – trahison – un «petit drapeau tricolore sur le poulet», l’exemple cité par Bruno Le Maire, qui a promis de très lourdes sanctions pour les faussaires de l’appellation.

Il est loin le président libéral de 2017

Le nœud des propos du Premier ministre visait surtout l’Europe, accus