L’activité économique française a progressé de 0,1 % au premier trimestre, annonce ce mercredi 29 avril l’Insee. Cette hausse modérée du produit intérieur brut (PIB) entre janvier et mars correspond à la prévision de l’Institut national de la statistique français, et succède à la contraction de 0,1 % qui avait été observée au quatrième trimestre 2024 en raison du contrecoup des Jeux olympiques de Paris.
«La bonne nouvelle derrière ce chiffre, c’est que malgré l’absence de budget – puisque nous avons attendu fin février pour avoir un budget et ça a énormément pesé sur la croissance – la croissance est positive», a réagi ce mercredi le ministre de l’Economie, Eric Lombard, sur l’antenne de Sud Radio : «Ce qui est important en début d’année, c’est ce qu’on appelle l’acquis de croissance. C’est-à-dire que s’il ne se passait rien de plus, la croissance sur l’ensemble de l’année 2025 serait de 0,4 %. Ce chiffre est important, ça veut dire que nous sommes en ligne pour atteindre notre objectif de 0,7 %.» Le ministre de l’Economie a cependant prévenu que cela allait «être un combat» dans lequel que le gouvernement allait «soutenir les entreprises».
A lire aussi
Cette publication de la croissance française précède celle de l’Allemagne, de l’Italie et de la zone euro, tandis que l’Espagne a vu son PIB augmenter de 0,6 % au premier trimestre. Elle intervient dans un contexte politique toujours instable en France, le gouvernement minoritaire de François Bayrou étant régulièrement menacé de censure.
Au premier trimestre, la croissance de la deuxième économie de la zone euro a souffert d’une consommation des ménages sans dynamisme, stable malgré le net repli de l’inflation, après une progression de 0,2 % au cours des trois mois précédents. Les investissements ont évolué en territoire négatif (-0,2 % après -0,1 %) − tant ceux des entreprises que des ménages et des administrations publiques sont concernés, selon cette première estimation de l’Insee.
La contribution du commerce extérieur est également négative (-0,4 point) en raison d’une nette diminution des exportations (-0,7 %) alors que les importations ont augmenté de 0,4 %. En revanche, les variations de stocks ont contribué positivement à hauteur de 0,5 point à l’évolution du PIB.
Incertitude politique
La chute du gouvernement Barnier en décembre avait entraîné un retard de plusieurs semaines dans l’adoption du budget 2025 – finalement promulgué mi-février – et le gel temporaire des dépenses publiques au niveau de l’année précédente. Autre facteur pénalisant, les 50 milliards d’euros de baisse des dépenses et hausse des prélèvements prévus au budget pour assainir des finances publiques très dégradées. Or, selon l’Insee, la dépense publique avait jusqu’alors permis d’atténuer la faiblesse de l’investissement. Un nouvel effort de 40 milliards est espéré en 2026.
Selon Eurostat, la France affiche le pire déficit public de la zone euro pour 2024, à 5,8 %. Le gouvernement entend le ramener à 5,4 % puis sous le plafond européen de 3 % en 2029. Son endettement (113 % du PIB) est le troisième plus lourd après la Grèce et l’Italie.
A lire aussi
Pour tenir son objectif de déficit en 2025, le gouvernement a aussi acté samedi 3,1 milliards d’euros d’annulations de crédits. Une «nouvelle coupe» qui, selon le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Eric Coquerel (LFI), «devrait avoir un effet récessif». Le député réclame le dépôt par le gouvernement, au «printemps ou début de l’été», d’un projet de loi de finances rectificative afin que le Parlement puisse «discuter de nouvelles recettes».
Dans ce contexte, après 1,1 % en 2024, la croissance est attendue en net ralentissement en 2025, à 0,7 % par le gouvernement comme la Banque de France, avec le risque aussi de voir le chômage remonter légèrement. Le gouverneur de la Banque centrale, François Villeroy de Galhau, n’a pas exclu lundi «une tendance au ralentissement» lors de l’actualisation des prévisions de l’institution en juin, tout en misant aussi sur «certains éléments qui peuvent jouer positivement, comme la relance en Allemagne».
L’Insee ne fournit pas encore de prévision annuelle, tandis que le FMI table sur une croissance de 0,6 % pour 2025.