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Cryptomonnaie : des petits monstres qui filent des jetons

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Des jeux vidéo d’un genre nouveau permettent d’engranger de l’argent en dressant de mignonnes créatures ou en gérant une équipe de foot virtuelle. Gagne-pain ou objet de spéculations, cette économie parallèle est en pleine expansion, particulièrement en Asie du Sud-Est.
Il faut aujourd’hui compter 500 euros pour un petit monstre de bonne qualité. Une somme qu’il faut multiplier par trois pour obtenir un trio de créatures, nécessaire pour démarrer. (Sky Mavis)
par Lucie Lequier
publié le 19 août 2021 à 19h20

C’est un petit boulot plutôt ludique qui lui prend quatre à cinq heures chaque jour. En parallèle de son travail d’estimateur de bijoux aux Philippines, Rolando Cantero, 31 ans, élève de petits monstres virtuels aux bouilles de Pokémon sur le jeu en ligne Axie Infinity.

Axie Infinity fait partie d’une nouvelle génération de jeux vidéo : celle des «play-to-earn» (littéralement «jouer pour gagner de l’argent»), grâce auxquels les joueurs peuvent espérer récolter de la cryptomonnaie. Pour jouer, Rolando a d’abord acheté de petites créatures appelées «Axies». En combattant leurs adversaires, elles rapportent des unités de monnaie du jeu, nommées Smooth Love Potion (SLP). Rolando peut les utiliser pour développer le potentiel de ses bestioles, ou les revendre contre des dollars sur des plateformes d’échange de cryptomonnaies, comme Uniswap ou Binance. De quoi se dégager un salaire confortable, assure-t-il.

«Avant de me lancer sur ce jeu, j’étais juste un gars normal qui s’échinait huit à dix heures par jour, six jours sur sept depuis dix ans, raconte à Libération ce père de famille. J’étais incapable d’acheter ce que je voulais pour ma famille.» Désormais, il peut payer les séances de dialyse de son père et ses médicaments. Il a aussi monté une association caritative, le Gaming Community Feeding Program, qui nourrit gratuitement les enfants des bidonvilles de San Carlos, dans la province de Negros Occidental.

Lancé en février 2018 par la start-up v