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Redistribution

Villepin, Bachelet, Zapatero... D’anciens dirigeants politiques plaident pour une taxe mondiale sur les milliardaires

Dans une lettre ouverte envoyée ce jeudi 11 juillet aux pays du G20, d’ex-chefs d’Etat et de gouvernement défendent l’idée d’un accord mondial visant à taxer les ultra-riches, afin de lutter contre l’évasion fiscale.
Une manifestation pour la taxation des riches à Bruxelles, le 1er mai 2024. (Melissa Rosca/Hans Lucas via AFP)
publié le 11 juillet 2024 à 18h10

A l’heure où les inégalités de richesse ne cessent de se creuser dans le monde, 19 anciens Présidents et Premiers ministres, écrivent ce jeudi 11 juillet, une lettre aux dirigeants actuels des plus grandes économies mondiales, les pays du G20. Ils plaident pour «un accord mondial visant à taxer les ultra-riches», soit une taxe universelle contre les milliardaires. Parmi les signataires, des personnalités de droite, notamment Dominique de Villepin, ainsi que de gauche, comme l’Espagnol José Luis Zapatero ou la Chilienne Michelle Bachelet.

Cette coopération conjointe a pour but de lutter contre l’évasion fiscale des plus riches, défendent-ils. Tous sont membres du Club de Madrid qui regroupent d’anciens chefs d’Etat démocratiques se voulant plutôt progressistes. La lettre salue par ailleurs la proposition du président américain Joe Biden, sur l’instauration d’un impôt sur le revenu minimum des milliardaires, dans un pays où plusieurs de ces ultra-riches ont échappé à un quelconque tribut pendant des années.

Cet accord «serait un coup de pouce pour le multilatéralisme : il prouverait que les gouvernements peuvent s’unir pour le bien commun», veulent croire ces anciens dirigeants.

Taxe annuelle de 2 %

Cette lettre intervient alors que la présidence brésilienne du G20 avait mis cette proposition sur la table en février. Elaborée par l’économiste français Gabriel Zucman de l’Observatoire fiscal indépendant de l’Union européenne, elle prévoit une taxe annuelle de 2 % sur les fortunes supérieures à 1 milliard de dollars, ce qui pourrait rapporter jusqu’à 250 milliards de dollars par an à environ 3 000 personnes.

Si le communiqué de la dernière réunion du G7, qui a eu lieu au mois de juin, promettait d’aller dans ce sens, certaines nations ont déjà émis des objections. En mai, le ministre allemand des Finances, Christian Lindner, avait déclaré que son pays voyait avec beaucoup de scepticisme cette idée d’un programme fiscal mondial.

La secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, a déclaré que les Etats-Unis ne pouvaient pas soutenir des négociations impliquant une redistribution des recettes entre les pays.

Mais en France, la mesure a les faveurs du Nouveau Front populaire, qui proposait lors de la campagne électorale pour les législatives une plus forte imposition contre les ultra-riches, notamment en ré-instaurant l’impôt sur la fortune (ISF). L’eurodéputée insoumise, Manon Aubry, s’est notamment réjouie sur X (ex-Twitter) d’une telle proposition mondiale : «Avec un gouvernement NPF, nous sommes prêts à montrer l’exemple en le mettant en place au niveau [français] et en faisant avancer les négociations internationales».