Longtemps, les Bolloré ont prospéré grâce à l’Odet. A deux pas de Quimper, dans la commune d’Ergué-Gabéric, le fleuve finistérien serpente en contrebas d’un vallon à la roche granitique. L’emplacement, plutôt isolé, n’est peut-être pas rêvé, mais c’est tout de même celui qu’a choisi Nicolas Le Marié en 1822 pour bâtir sa papeterie. Sans héritier direct, il la transmettra quarante ans plus tard à son neveu, Jean-René Bolloré. Ici naquit le mythe dynastique. Aujourd’hui, les activités de la famille Bolloré n’ont plus grand-chose à voir avec les chiffons importés de la Russie d’antan, passés à la lessiveuse pour produire du papier. La sixième génération, incarnée par Vincent Bolloré, a fait en quarante ans de l’entreprise bretonne un empire industriel et médiatique aux 80 000 salariés et 24 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Au moment d’un vrai faux passage de flambeau à ses enfants, c’est là, à Ergué-Gabéric, que le milliardaire revient jeudi fêter le bicentenaire du groupe familial.
Dans l’imaginaire de Vincent Bolloré, la commune, qui accueille toujours le siège du groupe, a un côté pratique : il l’utilise souvent en distinction, la présentant en village irréductiblement breton, un ancrage modeste pour un conglomérat aux contours toujours moins définissables. «Tout l’argent qu’o