Menu
Libération
Interview

Défense : «La valeur des sociétés est deux à cinq fois plus faible que celle d’autres secteurs»

Article réservé aux abonnés
Patrice Klug, spécialiste des fusions-acquisitions, détaille les raisons du manque d’attractivité de l’industrie militaire pour les investisseurs.
Tarbes, le 17 mars 2025. Des obus sont exposés dans l'atelier des «Forges de Tarbes» qui produit des munitions pour les canons d'artillerie français Caesar, utilisés par les forces armées ukrainiennes. (Ed Jones/AFP)
publié le 20 mars 2025 à 18h26

Président du cabinet de conseil Entreprise & Décision depuis 1999, et à l’origine de près de 200 opérations financières, Patrice Klug a eu à gérer onze missions pour des sociétés du monde de la défense, en recherche d’actionnaires ou d’acquéreurs. Pour huit d’entre elles, il n’a pas réussi à trouver de solutions.

Comment expliquez-vous ce manque d’attractivité du secteur militaire ?

Les acquéreurs, du fait de l’image de ce domaine, hésitent à aller vers ces entreprises. Les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) ne jouent pas en faveur de l’industrie de défense. Il y a également les risques de corruption liés à l’obtention de certains marchés ou encore les contrôles de la cellule antiblanchiment «Tracfin» sur les acheteurs. J’ai dû arrêter deux missions pour ces raisons. Dès qu’une entreprise dépasse 40 % de son chiffre d’affaires dans le secteur militaire, elle commence à rencontrer des problèmes d’attractivité. La difficulté vient également du fait que le nombre d’acquéreurs ou d’investisseurs dans la défense est parfois 20 fois moins important que pour d’autres opérations du même type. En France, les investissements étrangers dans des entreprises stratégiques de défense sont encadrés par l’Etat. La procédure de contrôle des investissements étrangers