Un déficit public aggravé à 5,6 % du PIB en 2023 ? Si ce chiffre est confirmé mardi par l’Insee - et qu’a dévoilé le sénateur LR Jean-François Husson, en tournée d’inspection à Bercy - la France s’ancrera encore davantage parmi les derniers de la classe des grands pays européens en matière de finances publiques. Le gouvernement blâme «le ralentissement chinois et de nos partenaires européens, et la guerre en Ukraine». Sauf que les autres grands pays européens sont parvenus, sur la même période, à redresser leurs comptes par rapport à 2022. A commencer par l’Espagne qui a entamé (et réussi) le processus de rétablissement de ses comptes publics. Le Premier ministre socialiste Pedro Sánchez a annoncé une baisse du déficit public en 2023 à 3,7 % du PIB, mieux que l’objectif de 3,9 % et en baisse de plus d’un point par rapport à 2022 (4,8 %). Un résultat atteint grâce à une croissance de 2,5 %, dopée par une politique gouvernementale interventionniste : augmentation du salaire minimum, revalorisation des pensions de retraite…
Toujours bon élève, l’Allemagne affiche un déficit public de seulement 2 % de son PIB en 2023, en baisse de 0,5 point par rapport à 2022. Même la Grèce attend un déficit de seulement 0,6 % de son PIB, bien mieux que les 2,4 % de 2022.
L’Italie connaît comme la France une hausse significative de son déficit public par rapport à ses prévisions, mais a réussi à le réduire par rapport à 2022. Estimé initialement à 5,3 % du PIB, le déficit italien a atteint 7,2 % pour 2023, mais a diminué de 1,4 point par rapport à 2022 (8,6 %). D’autres pays sont eux dans le rouge, surtout les Etats de l’Est de l’Europe. Le peloton de queue comprend la Slovaquie, qui prévoit un déficit de 7 % du PIB en 2023 (contre 2 % en 2022), la Bulgarie (6,6 % attendus en 2023 contre 2,9 % en 2022), la Hongrie (5,7 % attendus contre 6,1 % en 2022) et la Pologne (5,5 % attendus, contre 3,7 % en 2022.) La France se placerait donc parmi les cinq Etats de l’UE ayant le plus grand trou budgétaire.
La situation française n’est guère meilleure pour la dette publique, où la France est là encore en bas du classement : 25e sur 27. A la fin septembre 2023, la dette publique française ressort à 111,9 % du PIB, légèrement creusée par rapport à 2022. Derrière elle ne figurent que deux pays, mais qui ont eux réduit leur endettement : l’Italie, avec une dette publique à 137,3 % du PIB en 2023 (contre 140,2 % en 2022) et la Grèce (165,5 % du PIB contre 172,6 % en 2022). Très loin des bons élèves que sont l’Allemagne, dont la dette publique est à 64,8 % du PIB, ou les Pays-Bas (45,9 %).